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Accueil » Maigre François-Xavier » « DANS LA POIGNE DU VENT », François-Xavier Maigre, Bruno Doucey, 2012 (note parue dans « Diérèse » n°59)

« DANS LA POIGNE DU VENT », François-Xavier Maigre, Bruno Doucey, 2012 (note parue dans « Diérèse » n°59)

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sans-titre (4)

    Sensible, lyrique, la poésie de François-Xavier Maigre se déploie sur la page en vers libres, légers, riches d’images, de métaphores : Je marche à vue comme on navigue/proue et voile de chair/vers un débarcadère d’âmes/une simple chapelle/après la forêt profonde/et l’océan/des blés mûrs (p. 98).  Chaque texte semble ainsi habité par les souvenirs heureux d’une jeunesse encore proche. Né en 1982, journaliste à La Croix, François-Xavier Maigre souhaite effectivement retrouver l’enfance de la parole, les sensations et les bruits du premier âge, soit ce royaume à nous (p.44). Lyrique, parfois nostalgique, le verbe n’a pourtant rien de passéiste ou de désespéré. Résolument moderne, l’auteur célèbre le monde, la nature, cet instinct de vie dont frissonne l’écorce (p. 66). Placée à la lisière des lendemains (p. 66), l’écriture demeure ainsi habitée par l’enthousiasme, au sens étymologique, par l’espoir, et chante le départ, le déplacement : Je voyage léger/nu au-dedans/dépouillé au plus intime/avec rien –et moins encore-/oh ! J’avance/cela m’est suffisant (p. 62). Par-delà les chenaux de la mémoire (p.17), François-Xavier Maigre explore donc de nouveaux sentiers, et dépeint avec vérité les paysages qu’il traverse, sans en excepter les décors contemporains, généralement absents de la production actuelle. Dernière partie du recueil, « Et nos pas sans mémoire » s’apparente à une série de tableaux de la cité d’aujourd’hui, souvent dure, déshumanisée : Les masques de pluie/déforment les passants/visages sans voix/dans la voracité/des villes en croissance  (p. 75). Face à cette tristesse urbaine et houellebecquienne, reste la prière, discrètement évoquée, mais aussi l’amour, qu’il s’agisse des joies de la paternité, cette tiédeur nouvelle (p. 99) ou de la relation à la femme, dans la sérénité : Mais désormais/nous serons deux/pour clarifier l’intempérie  (p. 88). Bien des passages fêtent ainsi l’autre, tout à la fois reflet, complice, et soutien, sorte de double joyeux, différent et semblable, complémentaire.

   Prometteur, ce premier recueil, qui rappelle en même temps René-Guy Cadou et certains haïkaï japonais, signe bel et bien l’acte de naissance d’un vrai poète, pour reprendre les termes de l’éditeur.


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