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Archives Mensuelles: Mai 2018

UN MAIL DE MICHEL HOUELLEBECQ! (mon propre travail, 3)

  En 2013 paraissait donc mon premier et unique roman, Disparaître. Lecteur, et grand admirateur de Michel Houellebecq devant l’Eternel, je décidais d’envoyer un exemplaire au Maître. L’ouvrage étant préfacé par Dominique Noguez, qui fut LE découvreur d’Extension… (publié par Maurice Nadeau dont nous avons parlé le mois dernier), j’espérais plus ou moins une réponse. Je ne pense pas que Michel Houellebecq ait lu le livre. Néanmoins il m’a répondu. Je reproduis donc notre bref échange, en ne divulguant pas l’adresse de l’intéressé.

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Paris, le 25 mai 2013
Cher Michel Houellebecq,
  Je lis vos œuvres depuis la terminale, et souhaite vous faire envoyer mon premier roman, « Disparaître », qui sortira le 15 juin, avec une préface de Dominique Noguez, chez Unicité. Le récit évoque la disparation d’un jeune diplômé au chômage, dans la proche banlieue actuelle, et la recherche du père. C’est très court.
  J’ai également écrit des contes animaliers.
  En espérant que vous allez bien, et que l’inspiration est toujours au rendez-vous,
  Cordialement,
  Etienne Ruhaud
PS: Je joins le bref article que j’ai consacré à vos poèmes, et qui paraîtra incessamment sous peu dans la revue « Diérèse ».
Etienne Ruhaud
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Cher Monsieur,

Dominique Noguez a raison, c’est un titre magnifique. Et il sait donner envie de lire. Vous pouvez m’adresser l’ouvrage à l’adresse suivante :
3, avenue de XXX
75XXX PARIS

Cordialement,
Michel Houellebecq. (le 25 mai à 12h54)

BLOGORAMA 33: « HUBLOTS », LE BLOG DE PHILIPPE ANNOCQUE

   Agrégé ès Lettres, auteur de livres expérimentaux, l’écrivain et critique Philippe Annocque nous transmet une description de son site « Hublots ». Laissons-lui donc la parole pour ce 33ème BLOGORAMA!

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   J’ai démarré mon blog « Hublots » en novembre 2008, il y aura bientôt dix ans. Le sous-titre, « parce que la visibilité est mauvaise », évoquait dans mon esprit (évoque toujours) aussi bien la visibilité de mon travail que celle d’autres écrivains que j’aime. C’est aussi pour ça qu’il y a un s à Hublots, l’écriture est une aventure collective.
   Je souhaitais aussi ne pas spécialiser le blog : on y trouve aussi bien des impressions de lectures, des coups de gueule, des réflexions sur l’écriture, des divagations plus ou moins politiques, des photos, des dessins, des poèmes, des fragments divers et aussi des feuilletons dont certains sont devenus ou deviendront des livres : Vie des hauts plateaux, que j’ai initié dès l’ouverture du blog sans du tout penser à en faire un livre et qui a fini par en devenir un en 2014, aux édittions Louise Bottu, et plus récemment Mon jeune grand-père, qui paraîtra chez Lunatique au mois de novembre prochain.

La page Wikipédia de Philippe Annocque

« Hublots », le blog de Philippe Annocque

MÉMOIRE DES POÈTES XXVI: GHERASIM LUCA (1913-1994), CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE, DIVISION 87, COLUMBARIUM (article à paraître dans « Diérèse » 73, été 2018).

DIVISION 87 (pour la description de l’ensemble crématorium-columbarium, nous renvoyons le lecteur à notre article autour de Max Ernst)
Notre article sur Max Ernst (cliquer sur le lien)

 

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Ghérasim Luca (1913-1994)
Né à Bucarest le 23 juillet 1913 au sein d’une famille de tailleurs ashkénazes, orphelin de père dès 1914, Salman Locker, qui maîtrise le français et l’allemand, se montre très tôt un lecteur acharné, attiré par la philosophie germanique. En 1930, l’adolescent rencontre Victor Brauner (1903-1966, inhumé au cimetière de Montmartre), et publie ses premiers poèmes dans la revue Alge. Adhérent du parti communiste, alors clandestin, il se marie en 1937 avec Annie Rasicovici et commence à écrire dans la langue de Molière, sous le pseudonyme de Ghérasim Luca. Composé en 1938, son premier texte en français, Les Poètes de vingt ans ou une mère mange l’oreille de son enfant, demeure inédit. Sept ans plus tard paraît Le Vampire passif, illustré par des clichés de Théodore Brauner (frère de Victor Brauner, 1914-2000), et republié en 2001 par José Corti. Actif auprès du groupe surréaliste, il poursuit une activité littéraire intense en compagnie notamment de Dolfi Trost, et Virgil Teodorescu. Parti pour Paris, il fuit en Italie lors de la déclaration de guerre, puis revient en Roumanie le 26 juin 1940, en compagnie de Gellu Naum, échappant ainsi à la déportation. Auteur d’un bref manifeste psychanalytique aujourd’hui perdu, mais dans lequel il s’oppose à Freud, Luca, effrayé par la dictature stalinienne, poursuit son périple, d’abord en Israël, puis à Paris, où il s’installe définitivement à partir des années 50. En couple avec la plasticienne moldave Mirabelle Dors, (et qui épousera le peintre Maurice Rapin, inhumé au cimetière de Bercy), Luca rencontre Béatrice de la Sablière, qui l’accompagne au sixième étage de « L’Avenir-hôtel », avec pour voisin de palier Sarane Alexandrian. En 1955, il rencontre enfin la peintre Micheline Catty, et emménage au 8 rue Joseph de Maistre, à Montmartre, dans un vieil atelier sans confort. Là, il retrouve Victor Brauner, et fréquente activement Jacques Hérold, Gilles Ehrmann, Wilfrefo Lam, Paul Celan, Jean Carteret ou encore le poète Claude Tarnaud, et poursuit une œuvre poétique intense, tout en s’initiant au collage, à travers les « cubomanies ». Parallèlement, ses productions écrites sont organisées de façon originale, selon un jeu typographique extrêmement subtil.

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Une « cubomanie » de Ghérasim Luca.

   Luca, dont les poèmes, accompagnés de peintures, sont placardés sur les murs de Paris peu avant mai 68, est célébré par Félix Gattari et Gilles Deleuze, qui saluent son pouvoir de subversion, sa « cabale phonétique », le considérant comme un grand poète parmi les plus grands. « Héros-limite », pour reprendre le titre d’un de ses recueils, Luca refuse en outre l’intégration au groupe surréaliste parisien, préférant conserver son indépendance en demeurer en marge, libre. Gallimard ayant refusé ses textes, l’homme, qui apporte un soin extrême à l’élaboration matérielle des imprimés, est alors publié par José Corti.
Son atelier montmartrois étant jugé insalubre par l’administration à la fin des années 80, Luca, jusqu’alors volontairement apatride, se voit contraint d’épouser Micheline Catty afin d’obtenir la nationalité française, et d’être relogé. Marié en 1990, il déménage pour la rue Boyer, dans le vingtième arrondissement. En apparence anodin, ce tracas matériel lui rappelle le poids des persécutions antisémites passées. Désespéré par ce monde où les poètes n’ont plus de place, l’homme se jette dans la Seine le 9 février 1994, à l’instar de Paul Celan. Retrouvé le 10 mars, il est incinéré au Père-Lachaise et ses cendres sont remises à ses proches. Son œuvre ne cesse d’être redécouverte, et suscite un véritable engouement. En 2012, ainsi, le fils de Jacques Higelin, Arthur H, reprend un de ses textes dans la chanson « Prendre corps ». Pour finir, citons ces quelques vers d’amour:

« Le rêve en action »

la beauté de ton sourire ton sourire
en cristaux les cristaux de velours
le velours de ta voix ta voix et
ton silence ton silence absorbant
absorbant comme la neige la neige
chaude et lente lente est
ta démarche ta démarche diagonale
diagonale soif soir soie et flottante
flottante comme les plaintes les plantes

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MAIS QUI LIRA LE DERNIER POÈME?, Éric Dubois, publie.net, 2011 (article paru dans « Diérèse » 65, printemps-été 2015).

dubois_mais-qui    Blogueur, homme de radio, fondateur et animateur de la revue en ligne « Le Capital des mots », Eric Dubois semble opposé à toute forme d’hermétisme, tant dans ses choix de publication que dans sa propre production littéraire. Déployant une langue à la fois sobre et néanmoins souple, harmonieuse, Mais qui lira le dernier poème ? évoque la vie quotidienne, au risque d’un certain prosaïsme, parfois, une sorte de simplicité volontaire, ascèse stylistique, qui n’est pas sans rappeler, par moments, Bukowski ou Houellebecq : Le temps s’étire comme un chewing-gum/La bite perdue dans les poils et les plis/du pantalon/Dans la poussière/et les temps morts. Editeur du recueil sous forme numérique, François Bon parle lui d’écriture concrète. Poésie de l’actuel, de l’immédiat, les vers brefs et précis d’Eric Dubois parlent de la cité d’aujourd’hui, son décor froid, inamical mais familier : Encore l’œil électronique/de désirs fantasmés/Par l’unité centrale/La caméra et l’écran/dans la nuit du commerce. Visuels, matérialistes, les textes ne constituent pas pour autant une sorte de contemplation plate et détachée, une forme d’objectivisme un peu formel. Chaque phrase semble en effet habitée par la mélancolie, pour ne pas dire le désespoir. Quelle valeur accorder à la poésie, au sein d’une société désincarnée ? Angoissé par la perte de sens, la vacuité intérieure, Eric Dubois s’interroge douloureusement : Quel sera le dernier poème ?/L’unique correspondance ?/Quand écrirai-je le dernier poème ?/Qui le lira ?/Aurai-je la force de l’écrire ?. Reste l’amour, apparu en filigrane comme pour sauver l’homme de sa propre déréliction, de son propre sentiment de néant : Il était une fois/elle/Je l’adore/ses cheveux/Et le temps/a continué à faire son chemin.
Riche en images, dépouillé mais fin, ce bref recueil trop méconnu, ouvre donc à une lecture à la fois originale et sincère de l’époque, du désarroi contemporain.

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L’article sur le site d’Eric Dubois

L’article sur le site publie.net

« LA ADELITA », (ITZPAPALOTL, série mexicaine, 7).

   Ce mois-ci, Claudine Sigler nous présente un corrido, soit une ballade populaire traditionnelle composée par Antonio Gil del Rio. Écrite durant la révolution mexicaine (1910-1920), cette chanson rend hommage aux jeunes femmes qui accompagnaient les troupes insurgées, et qui, à pied, à cheval ou en train, semblaient prêtes à mourir avec leurs compagnons de lutte. Le nom propre « Adelita » (diminutif du prénom courant « Adela »), est devenu par la suite un mot générique pour désigner ces mythiques héroïnes. Le texte est long, et nous n’en présentons ici qu’un fragment. Les plus motivés peuvent en écouter la version musicale, interprétée par Amparo Ochoa:

 

LA ADELITA

En lo alto de la abrupta serranía
acampado se encontraba un regimiento
y una moza que valiente los seguía
locamente enamorada del sargento

Popular entre la tropa era Adelita
la mujer que el sargento idolatraba
que ademas de ser valiente era bonita
que hasta el mismo coronel la respetaba (…)

Adelita, la mítica soldadera
Traduction :
En haut de la montagne abrupte
Se trouvait un régiment qui campait
Et une jeune fille vaillamment le suivait,
Follement amoureuse du sergent.
Populaire dans la troupe était Adelita,
La femme que le sergent idolâtrait,
Car, autant que brave, elle était jolie
Au point que le colonel lui-même la respectait (…)

 

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Une Adelita et un révolutionnaire, par José Guadalupe Posada.

 

 

LES BRAÏNS (création personnelle, 7)

LES BRAÏNS
Des poissons dans la tête.

Ça vous rentre par la bouche, le nez, les oreilles, pendant le bain dans la rivière. Des œufs microscopiques qui éclosent entre les méninges en grouillement millimétrique d’alevins rouges, nourris du liquide céphalo-rachidien qui les baigne. Pas de migraine, mais une perte de la mémoire, avec parfois de bizarres changements d’humeur, de thymie.

Les braïns piquettent la pie-mère de multiples scléroses vertes, petites souillures, varicelle du cerveau.

SURRÉALISTES, 22: « SEJFY », TOYEN (1946)

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INÉDITS DE 1963 À 1969 (JACQUES IZOARD, in POÉSIES, I, 1951-1978, éditions de la Différence, Paris, 2006)

LE CRAPAUD

 

Je croise un crapaud que j’écrase
sous mon pied nu
cendre épaisse et chaude et froide
et que ma langue aussi voudrait saisir
Soie qu’on arrache aux plaies de la Terre
pour découvrir le secret d’armoiries
d’une chose innocente offerte au ventre
si blanc dans la pâleur pâle
d’un poisson d’argent glauque
J’écrase un poisson un crapaud sous mon pied nu
et mon corps visqueux déchiré de plaisir
désire vomir la nuit entière Ah ce glacier
que j’endure à l’instant du délire
Ah ces milliers de crapauds à la gorge essoufflée
lumineuse en proie aux tentatives
aiguës de la chair acérée                                                                                                                                                                                                                                                                        (p. 264)

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CONTEMPLATION DU POÈME

 

Deux jours de braise ou deux trous bleus
plus profonds que des puits suédois
Tes yeux ont une haleine de cendre Ah
et péris Et que s’éteignent à jamais ô bête
ces fous brasiers d’aurore
ils ne bougent pas dans ton visage
Les blés font des points d’or sur ta peau
tu gémis tant que la nuit bouge
Miroirs sans soleil Yeux sans tain Sommeil
caillots d’ombre ou cailloux d’or.                                                                               (page 265)

 

 

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ÉVÉNEMENTIEL DE MAI 2018

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   Commençons cet événementiel en souhaitant un joyeux 1er mai à tous nos amis, et en diffusant cette annonce, affichée près du métro Maraîchers, dans le XXème arrondissement de Paris. En souhaitant évidemment que la propriétaire de Coco le/la retrouve.

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   Évoquons ensuite les deux articles que j’ai consacrés aux livres de Denis Montebello Ce vide lui blesse la vue (éditions La Mèche Lente) et Comment écrire un livre qui fait du bien? (éditions Le Temps qu’il fait). Les chroniques sont parues sur le site de la très belle revue Actualité Nouvelle-Aquitaine. Je diffuserai ces textes sur le blog, de même que je diffuserai les trois critiques et les « tombeaux de poètes » à paraître dans Diérèse 74, le périodique poétique de Daniel Martinez. J’en reparlerai en juin.

Mon article sur « Ce vide lui blesse la vue »

Mon article sur « Comment écrire un livre qui fait du bien? »Mon article sur « Comment écrire un livre qui fait du bien? »

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Comme indiqué sur l’image, le prochain Café-Poésie de Meaux, organisé par mon ami Pascal Mora, se tiendra bien à la médiathèque Luxembourg, à 10h30.

 izoard-ladifference    Le poète liégeois Jacques Izoard, qui nous a quitté en 2008, a toujours entretenu des liens importants avec la France. Publié chez de grands éditeurs dès les années 60 (Grasset, Belfond), l’homme nous a notamment fondé « L’atelier de l’Agneau » en compagnie d’Eugène Savitzkaya. Ses aventures seront illustrées lors d’une exposition montreuilloise conçue par Gérald Purnelle, par des documents originaux. Vernissage le 15 mai et soirée poétique avec Gérald Purnelle, René de Ceccatty et le duo Cloes-Paternotte au bar « La Guillotine », 26 rue Robespierre, 93100 MONTREUIL (station « Robespierre »). L’exposition est organisée en partenariat avec le Centre Wallonie-Bruxelles.

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  Le traditionnel « Cénacle du Cygne », organisé par notre ami poète et éditeur Marc-Louis Questin, alias Lord Mandrake, se tiendra comme chaque dernier jeudi du mois le 24 mai au bar « La Cantada II », 13 rue Moret, 75011 PARIS (métro Ménilmontant), à partir de 20h30. Au programme: du chant, de la danse, de la poésie, des arts plastiques. Venez nombreux!!

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  Comme indiqué sur l’image, notre amie, la jeune artiste et présidente d’association Louise Rosier, présentera quelques unes de ses photos dans le XVème arrondissement. Le vernissage aura donc lieu le 24 mai à partir de 18 heures.

couverture_400px      Notre ami le peintre et écrivain Jacques Cauda sort quant à lui un nouveau livre chez Unicité, que j’ai maintes fois cité (et qui est mon propre éditeur!). Cette fois, il s’agit de récits autobiographiques. Citons donc le quatrième de couverture.

   Avec ce nouvel ouvrage en forme de récits autobiographiques, Jacques Cauda nous montre toutes les facettes de son talent et des passions qui ont jalonné sa vie. Passion pour le cyclisme avec les aspects sportifs et humains qui tournent autour de l’épreuve mythique du Tour tout en contant ses histoires intimes.
  D’autres histoires suivront où l’amour tient une place majeure, où l’écriture apparaît alors comme un catalyseur d’émotions, roue libre de sentiments en marche.
  Lire Jacques Cauda est un vrai régal et chaque phrase est distillée avec une élégance rare, à l’image sans doute du personnage qui raconte ici ce qui a fait l’homme, l’écrivain avant tout.
   Peintre, écrivain, photographe et documentariste pour la télévision, Jacques Cauda a placé la figure au centre de son œuvre, dont le portrait qu’il a élevé au rang d’art majeur. Il est à l’origine du mouvement surfiguratif. Écrivain, il propose une théorie de l’écriture polymorphe. Le style doit être au service du sens, la forme être l’effet du fond. Ses écrits le font ranger parmi les fous littéraires selon la classification établie par André Blavier. Il a reçu le prix du jury Joseph Delteil.