LE CRAPAUD
Je croise un crapaud que j’écrase
sous mon pied nu
cendre épaisse et chaude et froide
et que ma langue aussi voudrait saisir
Soie qu’on arrache aux plaies de la Terre
pour découvrir le secret d’armoiries
d’une chose innocente offerte au ventre
si blanc dans la pâleur pâle
d’un poisson d’argent glauque
J’écrase un poisson un crapaud sous mon pied nu
et mon corps visqueux déchiré de plaisir
désire vomir la nuit entière Ah ce glacier
que j’endure à l’instant du délire
Ah ces milliers de crapauds à la gorge essoufflée
lumineuse en proie aux tentatives
aiguës de la chair acérée (p. 264)
CONTEMPLATION DU POÈME
Deux jours de braise ou deux trous bleus
plus profonds que des puits suédois
Tes yeux ont une haleine de cendre Ah
et péris Et que s’éteignent à jamais ô bête
ces fous brasiers d’aurore
ils ne bougent pas dans ton visage
Les blés font des points d’or sur ta peau
tu gémis tant que la nuit bouge
Miroirs sans soleil Yeux sans tain Sommeil
caillots d’ombre ou cailloux d’or. (page 265)
Un effet bœuf ce crapaud.
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Izoard fut un immense poète. Peut-être un des plus grands de ces trente dernières années, même si l’expression de « plus grand » a de quoi m’agacer.
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Ça me rappelle le truc du poète qui voulait se faire plus grand que le boeuf.
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