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« DETENTE SOMBRA… » DE SOR JUANA INÉS DE LA CRUZ (ITZPAPALOTL 6, série mexicaine)

(Chronique mensuelle animée par notre amie Claudine Sigler)

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   Juana Inés de Asbaje y Ramírez de Santillana (1648-1695), connue sous le nom de Sor Juana Inés de la Cruz, est une religieuse mexicaine, auteure et poète. Issue d’une famille noble de la Nouvelle-Espagne, mais de naissance sans doute illégitime, elle montre précocement des dons étonnants pour la poésie, et aussi pour les sciences, la musique, la théologie. En 1662, elle devient la dame de compagnie de la vice-reine, à laquelle la liera une amitié profonde et durable. Toutefois, en 1669, elle prend le voile et devient Sœur Juana Inés de la Cruz, trouvant enfin dans un monastère le temps et le recul nécessaires pour mener une vie consacrée à l’étude et à la création. Malgré son retrait du monde, tout relatif, elle continue à écrire et à susciter l’admiration de ses contemporains. Sor Juana s’éteint en 1695, au cours d’une épidémie de peste. Son œuvre poétique figure parmi les plus emblématiques de la langue espagnole. Elle est particulièrement reconnue au Mexique (où elle est la seule femme à figurer sur un billet de banque). Ses écrits sont très variés, et comportent notamment des sonnets d’une inspiration très profane, comme nous le voyons ci-dessous :

 

Detente sombra…

Detente, sombra de mi bien esquivo
Imagen del hechizo que más quiero,
Bella ilusión por quien alegre muero,
Dulce ficción por quien penosa vivo.

Si al imán de tus gracias atractivo
Sirve mi pecho de obediente acero,
¿Para qué me enamoras lisonjero,
si has de burlarme luego fugitivo?

Mas blasonar no puedes satisfecho
De que triunfa de mí tu tiranía;
Que aunque dejas burlado el lazo estrecho

Que tu forma fantástica ceñía,
Poco importa burlar brazos y pecho
Si te labra prisión mi fantasía.

 

Arrête-toi, ombre…

Arrête-toi, ombre de mon amour fuyant,
Reflet du mauvais sort que pourtant j’aime tant,
Eclatante illusion par qui je meurs joyeuse,
Douce fiction par qui je vis si malheureuse.

Si, de tes grâces, cet aimant ensorcelant,
S’arrime à mon cœur fait d’acier obéissant,
Pourquoi me berces-tu de paroles flatteuses
Si ensuite elles sont à chaque fois trompeuses ?

Ainsi, tu ne peux pas tirer gloire, ravi,
Du triomphe sur moi de ton jeu tyrannique ;
Car, quoique tu te ries de ce lien étréci

Qu’a embrassée ainsi ta forme fantastique,
Même si te te joues de mes bras, de mon sein
C’est bien ma fantaisie qui en prison te tient.

(Traduction /adaptation de Claudine Sigler)

thumbnail_Billete de 200 pesos mexicanos con Sor Juana Ines de la Cruz

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