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Archives Mensuelles: novembre 2023

« DISPARAÎTRE » À JOINVILLE! (suite et fin)

Merci, une nouvelle fois, à Eric Dubois, qui a suggéré l’achat de mon livre à la médiathèque de Joinville. Notons d’ailleurs que Disparaître s’achève dans le Val-de-Marne. Le roman est également disponible dans le réseau parisien, à la réserve centrale. 

Pour accéder au précédent épisode (cliquer sur le lien):

https://pagepaysage.wordpress.com/2023/10/15/disparaitre-a-joinville/

BIENTÔT, DONC!

Illustrations de Jacques Cauda.

COMPLIQUÉ

« Aquatic center », Zaha Hadid, Londres (tous droits réservés).

Je vais sortir sous peu ce gros livre un peu foutraque, délibérément fourre-tout, intitulé « Panorama« , et qui évoque essentiellement (beaucoup), la poésie contemporaine. Pourtant, justement, je n’arrive plus à lire et à goûter la poésie contemporaine, à quelques exceptions près. Je veux dire: à rentrer dedans. Alors évidemment, je veux éviter l’écueil du « c’était mieux avant », ou encore « y a plus rien ». C’est faux. J’adore Jean Ristat, Jacques Abeille (qui sont déjà anciens), ou d’autres, y compris des contacts présents sur les réseaux sociaux. Simplement, et pour en avoir lu beaucoup, pour en lire encore, je n’y arrive plus. Je ne ressens que très rarement une émotion. Mon ami Julien Boutreux disait qu’il trouvait souvent autant de poésie dans certains passages en prose, dans le roman, etc. Donc, à quoi bon, souvent, ces plaquettes écrites à la va-vite par des gens se rêvant « écrivains », mais n’ayant d’autres ressources que le haïku, par manque de travail, et ou, tout simplement, de capacités profondes?

Il en va de même pour l’art contemporain. J’aime certains artistes comme Jeff Koons, qu’il est de bon ton de dénigrer, Ron Mueck ou d’autres (mes connaissances sont limitées). J’aime les architectures contemporaines qui me porte vers le ciel, les baies vitrées immenses, le brutalisme. J’ai horreur des turboréacs ignorants qui jettent tout à la poubelle sans faire l’effort d’essayer, parce qu’il est plus simple de se réfugier dans le passé. Toutefois, généralement, je vois quelque chose de vain, de pseudo-politique, de terriblement consensuel et opportuniste, dans l’art conceptuel (Ukraine, écologie bon teint, etc.). Comment concilier les deux: une approche assez ouverte, et en même temps, comment être pleinement sincère en livrant le fond de sa pensée?

« EXCURSIONS POÉTIQUES », Marie-Anne Bruch, Z4 éditions, 2023 (citation)

Place de la République – Un café près de la rue Léon-Jouhaux – 10ème arrondissement – Lundi 21 novembre à 11 h 10

La terrasse couverte où j’ai pris place me donne une vue imprenable sur un gros yucca agressivement hérissé sur des petits buissons pisseux, pouilleux, exhibant leur desséchement avec orgueil. Le garçon de café me fait répéter deux fois ma commande, éberlué qu’on puisse parler français avec l’accent originel et j’ai un peu de mal à articuler ce café allongé qui aurait préféré rester couché. À quelques mètres de moi, un homme trifouille tout un matériel d’allure électrique et s’engueule au téléphone avec un homme de son village qui lui doit quelque chose ou, peut-être, plutôt, qui lui manque de reconnaissance. L’homme est nerveux, malingre, sous tension, et apparemment pressé d’en finir avec tout cet attirail de câbles et de boîtiers, qui est loin de l’électriser.

Une vieille dame en parka jaune poussin s’arrête à la hauteur de ce café: elle a la démarche heurtée et malaisée de qui a passé sa nuit à déambuler d’un pas mécaniquement égal.

Cette place de la République est trois ou quatre fois plus grande que dans mon souvenir et le vent s’y engouffre comme un saisissement blanc. D’ailleurs, mes doigts peu à peu engourdis et ralentis prennent une raideur de marbre livide sur le clavier de mon téléphone. La kyrielle des passants s’emmitoufle dans ses rares épaisseurs de couleur défraîchie et son pas, d’abord décidé, se fait vacillant et approximatif, comme au bord d’un choix crucial et irréversible.

Des groupes de jeunes garçons ont des sourires tordus et douteux et se les repassent comme des vieux cintres volés en douce à l’étalage.

J’ai travaillé dans ce quartier en 2001, boulot qui fut ma première odyssée dans l’espèce des monde des start-ups informatiques, bulle où je tentais de percer et qui me perça à jour avant de me désintégrer pour cause de non-intégration puis que me licencia faute de licence en multimédia.

Cette sinistre boîte se situait rue Taylor et, bien que l’on m’y taillât des costards pour l’été comme pour l’hiver – et même pour la demi-saison – et je fus très loin de m’enrichir en ses bureaux.

Immeubles blanchâtres, trottoirs cendreux, passants décolorés, cieux couleur de neige fumée, quelles pensées peuvent germer dans un tel paysage, à part de mornes regrets mort-nés?

Comme je traverse en sens inverse la place de la République, une immense bourrasque vient se lover dans mon giron – glissante et vive comme une queue de poisson – et des vols de pigeons, là, juste devant mes yeux, s’entrecroisent et s’entrelacent en dessinant des arabesques et des sinusoïdes d’un gris hallucinant (p. 63-65)

COURS DE VINCENNES (vlog)

Étudiant en journalisme, le jeune Benjamin Béraud m’a interpellé, alors que j’allais chercher du pain, il y a déjà quelques jours, cours de Vincennes. C’est donc avec plaisir que j’ai répondu à ses questions, autour du nouveau container à compost installé par la municipalité. 

UNE RENCONTRE DANTESQUE (à la Lucarne des écrivains). JOURNAL-PHOTO

Vendredi 17 novembre, Emmanuel Tugny et Pascale Privey, directeurs des éditions malouines Ardavena, sont venus lire et présenter leur traduction du Paradis de Dante (en décasyllabes, précisons-le), ainsi que leur maison. Nous étions six: Emmanuel et Pascale, donc, le sculpteur Pascal Pistacio (lui-même illustrant La divine comédie), le libraire-poète Armel Louis, une vieille dame fort cultivée, moi-même et les deux chats habituels. La soirée fut intimiste, mais chaleureuse et même endiablée. Nous avons par la suite poursuivi la discussion dans une brasserie, non loin, autour d’une planche mixte et d’une bouteille de Beaujolais. To be continued!

Pascale Privey et Emmanuel Tugny, directeurs des éditions Ardavena (photo d’Etienne Ruhaud)
Armel Louis et Etienne Ruhaud (photo de Pascale Privey)
Le sculpteur Pascal Pistacio en pleine lecture (photo de Pascale Privey)

N.B.: pour commander le livre en question,

https://librairie.bod.fr/le-paradis-dante-alighieri-9782494506213

11 NOVEMBRE

Nous n’avons pas à nous battre pour satisfaire la banque.

CARNETS DE LECTURES, 8, AOÛT 1998.

Août 1998

  • Au bonheur des dames (Émile Zola)
  • À la recherche du temps perdu (Marcel Proust)

UN CLASSIQUE PAR MOIS: VICTORIEN SARDOU (1831-1908). Épisode 14

Résumé
Pièce mélodramatique à caractère historique, présentée pour la première fois en 1887 à Paris, avant de devenir le rôle titre de Sarah Bernhardt, qui le jouera jusqu’en 1913. A Rome, le 18 juin 1800, dans une ville sans pape gouvernée par le roi de Naples, l’amour de Tosca et Mario est compromis par les intrigues de Scarpia.

Créée le 24 novembre 1887, au Théâtre de la Porte Saint Martin à Paris, La Tosca de Victorien Sardou (1831-1908) sera l’un des chevaux de bataille de Sarah Bernhardt. Elle interprétera le rôle un peu partout dans le monde, de 1887 à 1913 ; c’est avec ce rôle qu’elle inaugurera son théâtre parisien, et finira par en être marquée, dans sa chair même, lors d’une tournée au Brésil, suite à un accident qui lui vaudra l’amputation de sa jambe droite. Ecrite sur mesure pour elle, La Tosca montre à quel point le théâtre de Sardou – efficace, rythmé, musical – mais aujourd’hui tombé dans l’oubli, mérite pleinement d’être (re)découvert par le public.

   … Un lecteur fidèle, qui se reconnaîtra peut-être, soulignait le caractère bref, sinon sommaire, des articles de cette série, inaugurée fin 2022 (et dans laquelle je m’impose de lire un classique par mois. Encore faudrait-il définir ce qu’est un classique, mais j’ai déjà tenté de répondre à cette question précédemment). On pourrait également souligner le caractère bref des oeuvres lues. Alors… Comment dire… D’une part, il ne s’agit pas, ici, de produire une critique universitaire. Simplement de répondre à un défi, soit le fait de lire un « classique », court ou bref, chaque moi, et de noter quelques impressions, en restant modeste. D’autre part, comme je l’ai déjà souligné, il me faut répondre à plusieurs « impératifs » d’ordre littéraire. En l’occurrence, je dois absolument terminer mon essai autour du Père-Lachaise surréaliste, et donc parcourir des livres (essais, biographies, poèmes, correspondances, etc), liés à ce travail, pour rendre ma copie au cours du premier semestre 2024. C’est-à-dire: envoyer le manuscrit dûment fignolé à des éditeurs. 

  Ce préambule posé, je me suis contenté, plus haut, de copier/coller, en guise de chapeau introductif, le résumé/quatrième de couverture présent sur le site de la librairie Mollat, soit la plus grande de France devant le Furet du Nord, et que j’ai beaucoup fréquentée lors d’une année d’étude à Bordeaux, en 2006/2007. Pourquoi La Tosca? Probablement, tout d’abord, l’homonymie. En octobre, j’évoquais ici même une pièce d’Armand Salacrou. Or, phonétiquement, de Salacrou à Sardou (deux patronymes sans doute originaires du Sud de la France), il n’y aurait qu’un pas. Les deux sont quelques peu oubliés désormais. Les deux, malgré la ressemblance phonétique, sont également très différents. 

  Car Sardou, qui n’a rien à voir avec les fameux chanteur droitard, conspué par le Wokistan, est d’abord un auteur romantique, à l’instar d’Eugène Scribe dont nous avions parlé il y a quelques semaines. Né en 1831, l’homme aura connu un immense succès. Et si aujourd’hui son nom semble oublié, tout le monde connaît, peu ou prou, la fameuse Tosca, essentiellement grâce à Puccini, de même que tout le monde connaît, peu ou prou, Sarah Bernhardt. Passons vite sur l’action: le copié/collé plus haut indique assez de quoi nous retournons: en gros, un banni devenu indésirable, en pleine guerre napoléonienne, tente d’échapper au cruel Scarpia, qui lui-même désire sa maîtresse, la sublimissime Floria, femme passionnée, prête à tous les sacrifices. Evidemment, cela se termine mal. Et évidemment, le tout semble à la fois manichéen, mélodramatique, et délicieusement daté. D’après ce que j’ai pu lire sur Wikipédia, l’argument du fameux opéra est légèrement différent, tout en reprenant, naturellement, les grandes lignes de l’intrigue telle que définie par Sardou. Hélas, étant donné le prix des places, y compris à l’opéra Bastille, je doute de pouvoir vérifier la chose. Je me contenterai donc, au besoin, d’une version filmée, sans doute disponible sur Arte, un jour, ou sur YouTube. À vérifier. 

  Très concrètement, j’ai téléchargé le fichier ePub, gratuit, sur ma liseuse Kobo, achetée à la Fnac. Il s’agit de la version « Gutenberg », fournie par une librairie en ligne américaine, d’après ce que j’ai cru comprendre. Ce fameux « Projet Gutenberg » donne à lire au public des ouvrages tombés dans le domaine public, dans toutes les langues. Loin de tout anti-américanisme primaire, l’idée demeure louable. On peut déplorer toutefois quelques fautes de frappe. Cela demeure minime, et la pièce (assez longue, malgré tout), est parfaitement lisible. 

  Ai-je aimé? Oui. Le « classique » d’octobre, soit Poof, d’Armand Salacrou, ne m’avait pas déplu. Toutefois il m’avait semblé y reconnaître du « déjà lu », soit une version un peu bâtarde de Beckett, mélangée à du Vitrac, du théâtre de l’absurde de série B. Bien écrit, certes, mais sans grande originalité. Là, on savoure le grand art, le langage impeccable de Sardou, à l’ancienne, le plaisir des sentiments extrêmes, la brutalité même des comportements, à travers cette femme archétypale, portée par la fureur, si italienne. Et donc on ne s’étonnera pas que Puccini ait été séduit. 

  Je ne savais pas, en revanche, que le rôle était conçue pour Sarah Bernhardt. Ni qu’elle y avait perdu sa jambe, tel le capitaine Achab, dans Moby Dick. Les risques du métier? 

« FLORBELLE », JACQUES CAUDA, éditions Tinbad, 2023 (note parue dans « ActuaLitté », octobre 2023).

Merci, une nouvelle fois, à Nicolas Gary, qui a accepté de publier l’article.

Florbelle, dans la peau et les mots du marquis de Sade

ActuaLitté

Détruit par le fils de Sade en personne, le roman Florbelle nous restera à jamais inconnu. La suavité même de l’onomastique demeure sans doute trompeuse, toutefois. Florbelle : un conte pour les jeunes filles en fleur, ou plus certainement une vilaine histoire de fouets, de raffinements cruels ? Probablement. Une chronique par Étienne Ruhaud.

C’est en tous cas ce que laisse entendre l’ancien réalisateur, peintrécrivain, également directeur de collection (« La Bleu-Turquin » chez Douro), Jacques Cauda à travers ce bref, et dense, volume. Grand lecteur du marquis, l’homme a repris la structure des Cent vingt journées de Sodome, découpant son récit en « journées » précisément, et non en chapitres classiques.

Peut-on, d’ailleurs, à proprement parler de récit ? Le Florbelle de Jacques Cauda ne constitue pas une réécriture du livre perdu, mais plutôt une suite de notes sur Sade, sans ordre apparent, à la façon d’un cut up, d’un scénario de Godard, auquel l’auteur, comme à l’accoutumée, rend hommage, déclarant parler le Godard.

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https://actualitte.com/article/113935/chroniques/florbelle-dans-la-peau-et-les-mots-du-marquis-de-sade