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UN CLASSIQUE PAR MOIS: PIERRE KLOSSOWSKI (1905-2001). Episode 19.

« Antoine raconte comment, à l’âge de treize ans, il fut adopté par Octave, professeur de scolastique, et Roberte, qui est à ses yeux une sœur aînée attentive et sévère à la fois. Au grand dam de Roberte, Vittorio est désigné comme futur précepteur d »Antoine. Dans la scène centrale, Roberte doit subir les assauts d’un nain et d’un colosse qui s’introduisent dans son cabinet. Peu satisfaite de l’engagement de Vittorio, Roberte, après quelques recommandations adressées à Antoine, se laisse exhiber par Vittorio sous les regards émus d’Antoine. »

Tel est le résumé (trouvé sur Amazon), de cette singulière pièce, pour le moins déroutante, et à laquelle je n’ai, avouons-le, pas compris grand chose. Récit d’une déception, donc? Oui, pour une part. Le titre, abondamment cité dans les mémoires universitaires, ou au cours de certaines conversations érudites, me frappait par sa singularité. L’ensemble est constitué d’une suite de grandes considérations théologico-philosophiques, alternant avec des scènes de violence à la limite du sado-masochisme, le tout illustré par les propres dessins de l’auteur. Autant dire que je suis déçu. Je n’ai ressenti aucune poésie dans la prose même de Klossowki, proche de Breton, frère du peintre Balthus, donc et fils d’une certaine Klossowska, inhumée au cimetière parisien de Bagneux, artiste et maîtresse de Rilke. A la vérité, je ne comprends absolument pas où va le texte, qui s’apparente davantage à une sorte de dialogue métaphysique assez vain, autour de l’être et du non-être, sur fond de délires sexuels étranges, incompréhensibles. Peu de choses à raconter, donc, hormis pour dénigrer ce qui est pourtant souvent présenté comme un chef d’oeuvre intemporel. Citons toutefois une phrase sortant du lot: L’Eglise et l’art, ma chère, que vous voulez détruire, nous purifient de toues nos ordures par le ressouvenir de la mort; tout est ordure en-deça, sérénité au-delà, pour avoir franchi la mort.

« L’OMBRE DU DIALOGUE suivi de DOLEANCES DU REEL », PATRICIA SUESCUM, éditions TARMAC, 2023 (citation)

« Des signes annonciateurs – pas l’ombre d’une étoile

aux incartades du destin

l’attente prolongée

Les amarres plombées sans autre voyage

Lève le pavillon noir

aiguise les couteaux

Affamer l’espoir engendre les rancoeurs

l’aigreur des sans-visages

l’anémie sentimentale

L’indifférence vaut son pesant d’or

dans le coeur des pirates ». (p. 39)

https://www.tarmaceditions.com/l-ombre-du-dialogue

« ANDRÉ BRETON ET SA MALLE D’AURORES », JOËL CORNUAULT, éditions Pierre Mainard, 2021 (article paru dans « ActuaLitté », mars 2024).

Ce que le surréalisme de Breton peut apporter à notre époque

Vibrant hommage à André Breton, le nouvel essai de Joël Cornuault célèbre le mal nommé pape du surréalisme. Devenue trop banalement courante, l’expression même dévoie la nature vraie du surréalisme, qui ne constitue pas un dogme figé, mais bien plutôt une approche enthousiaste du réel. Incompris, selon Cornuault, par nos contemporains, Breton pourrait servir d’antidote psychologique et intellectuel à une époque pervertie, essentiellement marchande.

ActuaLitté

À ce titre, le surréalisme ajouterait en quelque sorte une dose de merveilleux dans un univers désincarné, désenchanté, y compris et peut-être surtout dans le champ culturel. Romantique, Cornuault décrit la marchandisation du livre, le règne de l’argent dans le domaine artistique, pour lui opposer, justement, le principe du « signe ascendant », soit « une tension vitale tournée au possible vers la santé, le plaisir, la quiétude, la grâce rendue, les usages consentis », à laquelle s’ajoute « une dimension ludique ». Par conséquent, la démarche initiée par Breton aurait quelque chose de profond : il s’agirait d’initier une nouvelle approche globale.

Joël Cornuault définit donc le surréalisme comme un mouvement heureux, Breton visant à redonner sens aux choses, à les colorer, en quelque sorte. On pourrait, dès lors, objecter que le surréalisme n’est pas toujours positif, accuser Cornuault de pervertir l’esprit de Breton pour en faire un succédané de développement personnel, une sorte de méthode Coué face aux malheurs planétaires.

Pour lire l’article en intégralité, cliquer sur le lien suivant:

https://actualitte.com/article/116075/chroniques/ce-que-le-surrealisme-de-breton-peut-apporter-a-notre-epoque

« LA MENACE », IVAN TOVAR (1942-2020), République dominicaine. Série surréaliste.

VOIX DES AUTEURS: TOM BURON (entretien paru dans « ActuaLitté » en novembre 2023).

Tom Buron : « Le danger est un élément central de mon travail« 

Jeune poète francilien, Tom Buron pratique la boxe, écoute du jazz, écrit de brefs recueils percutants. Dernier en date, La Chambre et le Barillet (éditions « Angle mort », 2023), présente une suite de vers-libres, souvent rageurs, parfois énigmatiques. Familier de l’univers urbain, guidé par un certain rythme incantatoire, habitué des scènes poétiques, l’auteur semble refuser la tyrannie du sens, de l’intelligibilité, tout en favorisant l’oralité.

ActuaLitté

Étienne Ruhaud : Les poèmes sont essentiellement écrits en vers libres. S’agit-il d’un choix délibéré, ou cette forme s’est-elle imposée à toi de manière naturelle ?

Tom Buron : C’est un choix mais je ne me pose pas en fervent défenseur de telle ou telle méthode, de tel ou tel style de poésie, et j’avoue que si je m’y suis beaucoup intéressé dans le passé, j’accorde aujourd’hui beaucoup moins d’attention à ces questions. On parle de crise du vers libre depuis sa création ou presque, n’est-ce pas ? Ils sont nombreux, d’ailleurs, à encore passer leur temps à écrire à ce propos.

Mes deux précédents ensembles, Marquis Minuit (Le Castor Astral, 2021) et Nadirs (Maelström, 2019), étaient eux aussi composés en vers libres, et pourtant, nous n’avons pas affaire à la même écriture. La chambre et le barillet, recueil que j’ai achevé il y a près de trois ans maintenant, est composé de poèmes courts – à l’exception de la pièce qui clôt le volume – beaucoup moins denses et labyrinthiques que ne l’étaient les lignes du Marquis, poème qui danse sur plusieurs dizaines de pages. Si les thèmes sont proches, ils sont dans la forme bien éloignés. Il y a mille façons de faire vers libre et des cadres secrets peuvent s’y loger ; dans un « poème fleuve ». Il est possible de se reposer sur le compte des syllabes ici, et sur la coupe un peu plus loin, de créer des harmonies, des mesures plus souterraines… Il doit évidemment y avoir ordre et discipline à l’intérieur de ce que l’on appelle « vers libre ». Évidemment.

Je tiens au rythme, à la musicalité, à la mélodie et à l’harmonie, à la notion de structure tout simplement, et tout ceci peut se travailler, se façonner, se ciseler au sein du vers libre : une architecture ! 
Cela étant, quand l’on voit ce qui se donne du côté du vers libre, je comprends que reviennent les questions à ce propos. Le vers libre – et c’est justement le mot libre (et cette passion pour ce mot) qui pose problème – est malheureusement la porte ouverte à tout et n’importe quoi. On le voit bien avec un certain genre de poésie pop sucrée qui a la cote aujourd’hui, or il s’agit assez souvent d’une micronouvelle que l’on coupe de manière aléatoire. En termes de construction, d’architecture justement, c’est zéro.

C’est de plus une « poésie » qui se préoccupe uniquement de son « message » et qui confond le slogan, l’engagement politique à la mode et les péripéties de compte Instagram avec l’art littéraire. De l’art d’agrément, comme répétait Gilbert-Lecomte. Auparavant, c’est vrai, la confusion entre art littéraire et marché du livre était l’apanage du roman, et puis ça a fini par éclabousser ce que l’on nomme communément poésie, le vers libre en particulier. Mais il ne faut pas s’inquiéter, loin de là. Il y a, au-delà de ces futilités qui font grand bruit, toujours quelques vraies œuvres conquérantes qui se créent et embrassent le tragique avec force, et ce n’est évidemment pas que du côté du vers libre que cela se passe. 

On est également frappé par la présence de termes complexes, spécialisés, quasiment mallarméens. Pourquoi employer de tels mots ? Là encore, cela s’impose à toi ou s’agit-il d’un choix délibéré ?

Tom Buron : Les deux, mon capitaine ! Je ne pourrais, dans la majorité des cas, simplement pas avoir la même précision sans ceux-ci, mais il y a aussi, je dirais, tout simplement le goût de la langue, et de la musique, le goût des sonorités et des associations. Il ne s’agit pas là d’un goût tordu pour le mot rare, mais d’une passion pour le langage et cela passe donc par ces termes que tu évoques, par l’argot, par le néologisme, par l’emprunt.

Mon territoire, c’est la langue française, je lui appartient et je l’utilise, j’essaye de lui rendre justice et de l’honorer, mais j’écris dans ma langue française. 

Pour lire la totalité de l’article, cliquer sur le lien suivant:

https://actualitte.com/article/114504/interviews/tom-buron-le-danger-est-un-element-central-de-mon-travail

ANGST

DUODI, 12 GERMINAL, AN CCXXXII

???

Tout végète & s’anime au retour du Zéphyr,

La Nature à ses Lois ramène nos désirs;

Et l’Âge le plus pur apprend des Tourterelles,

Qu’il est doux de s’unir & de s’aimer comme elles

UNE RENCONTRE AVEC ERIC NAULLEAU (décembre 2023). JOURNAL-PHOTO

Rencontre avec Eric Naulleau au théâtre de Nesle, Paris, décembre 2023.

ADIEU, MARIANNE D. (1964-2024)

« PANORAMA 1 » SUR BABELIO

Un chaleureux merci, une fois de plus, à Eric Dubois, qui a mis mon dernier livre sur le site Babelio.

https://www.babelio.com/livres/Ruhaud-Panorama-1-articles-et-entretiens-2005-2021/1636433