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« DIÉRÈSE » n°68

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  Je sais que l’image est de fort mauvaise qualité (je suis toujours mal équipé), mais j’ai le bonheur de vous indiquer ma participation au dernier numéro de Diérèse, la brillante revue de Daniel Martinez. Outre mes considérations sur les cimetières, et trois notes de lecture (autour des livres de Marc-Louis Questin, Jean-François Jacq, et Jean Hautepierre), ce soixante-huitième opus contient de la poésie brésilienne, danoise, quelques textes inédits de la regrettée Hélène Mohone et de Pierre Bergounioux, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler sur le blog. Pour commander le numéro, adresser un chèque de 18,70 euros (frais de port inclus) à l’ordre de Daniel Martinez, 8 avenue Hoche, 77330 OZOIR-LA-FERRIÈRE).

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DIÉRÈSE 67

diérèse 67Chers amis, chers lecteurs,

  Diérèse 67 (printemps), vient de sortir. Sous les auspices de Daniel Martinez, infatigable animateur, on retrouve plusieurs poètes étrangers (italiens et espagnols), mais aussi un recueil complet d’Hélène Mohone, que j’ai évoquée sur ce blog, et les textes de Richard Rognet, illustrés par Pascal Ulrich, trop tôt disparu. J’y ai moi-même publié des articles relatifs au Père-Lachaise (autour d’Unica Zürn, d’Hans Bellmer de de Pieyre de Mandiargues), ainsi que deux notes de lecture. Notons enfin la présence de Denis Montebello, qui fut mon professeur de latin à La Rochelle, et qui, en plus d’être traducteur, écrivain et blogueur, demeure un ami (j’ai évoqué son travail sur « Page paysage », à plusieurs reprises).

Pour commander Diérèse:

Envoyer un chèque de 18,70 euros (15 euros le numéro et 3,70 euros de frais de port), à Daniel Martinez, 8 avenue Hoche, 77330 OZOIR-LA-FERRIÈRE. L’abonnement (4 numéros), est à 45 euros.

Le blog de Diérèse

« TORPEUR », Hélène Mohone, Editions de la Cabane, Bordeaux, 2007 (note initialement parue dans « Diérèse » 52, au printemps 2011)

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   Hélène Mohone s’est éteinte le 4 avril 2008. Cantatrice, mais aussi plasticienne, photographe et femme de Lettres, elle nous laisse plusieurs pièces de théâtre, une autobiographie et des recueils poétiques. Publié en 2007, Torpeur semble habité par le besoin de témoigner, se raconter par fragments, décrire sans exhibitionnisme la maladie et la mélancolie, mais aussi la passion, l’appétit de vivre: hé! reviens me saisir aux seins viens me saisir de près à aimer pulpe verte tous les fruits et moi (p. 14). Pénétrés par une subtile musique intérieure, les versets s’enchainent selon une logique propre, subjective, au plus près de la mémoire, ce qui n’est pas sans rappeler certains procédés d’écriture automatique, une sorte de lent monologue intérieur empli de sons, d’images et d’odeurs; comme si seule l’évocation pouvait conjurer le (mauvais) sort, éloigner un moment la voix des ombres (p. 7). Les métaphores surgissent au fil des pages, fusent à l’improviste, saisissent le lecteur, l’entraînent dans un maelstrom de souvenirs, une succession d’instants fugaces: de l’enfance africaine fillette au baraquement tu vois les vieux corps marabouts (p. 19), à l’âge adulte, synonyme de tristesse, de désillusion: les yeux miens à fatigue profonde lassitude et volonté de tenir à ton allure anéantie de moi (p.10). Pudiquement décrite, la souffrance demeure sans cesse présente, en filigrane, comme une permanente angoisse: fille du crâne sortie sanglée cuirasse déjà prête à combattre petite arbalète à la douleur (p. 18). Restent, dès lors, certaines réminiscences heureuses, liés aux amours passés: c’est ainsi Bérénice au ciel que tu déploies tes dents de lait amoureuse maritale (p.14).

    Plurivoque, originale, faisant fi de la ponctuation, la langue d’Hélène Mohone nous entraîne loin, dans un style riche et émouvant, tendu à l’extrême, à la limite de l’imprécation. Tantôt limpide, tantôt énigmatique, Torpeur paraît ainsi proche de certaines phrases désenchantées de Michel Valprémy (1947-2007), écrivain et graphiste bordelais, auquel la plaquette est dédiée: vois tout noir sous le soleil/vois très sombre sous la chaleur (p.11).