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Archives de Catégorie: Antiquité

ALIEN ROMULUS (réflexion)

On date généralement la naissance de Remus et Romulus, fondateurs de la ville antique, au 20 septembre -770 avant J.C. Cela me rappelle le titre du prochain Alien, qui sera produit, mais non réalisé, par Ridley Scott, Alien Romulus. J’ai du regardé une vingtaine de fois le premier volet, mélancolique et angoissant, se prêtant à mille interprétations psychanalytiques, et qui n’a pas vieilli depuis 1979. Un choc. Un extraterrestre fondamentalement hostile, détruisant toute forme de vie autour de lui. Je rêvais de produire des créatures faisant à ce point sens, toutes issues de mon vaste cerveau malade.

Réalisé par Fede Alvarez, le film sort à l’été 2024, et j’ai déjà un mauvais pressentiment, tant Prometheus et Alien covenant me paraissaient foireux, faisant passer l’adaptation de Jeunet pour un quasi chef d’oeuvre (c’est dire!). Simple histoire de contraste… alors pourquoi Romulus? Pourquoi cet intitulé? À voir dans l’opus, sans doute. La planète maudite, sur laquelle vit la créature, s’appelle bien Acheron, comme le fleuve grec des enfers, et le vaisseau spatial Nostromo …

UN CLASSIQUE PAR MOIS: ARISTOPHANE (épisode 6)

Le défi « Un classique par mois » consiste à lire un auteur classique que je ne connaîtrais absolument pas, et de faire part de mes impressions sur le blog. Il s’agit d’enrichir sa culture littéraire en explorant d’autres sentiers, un peu au hasard des routes (on peut ajouter comme contrainte: parler d’un livre trouvé dans la rue, ou dans une boîte aux livres). Peu importe qu’il s’agisse de l’oeuvre MAJEURE de l’auteur en question. Peu importe également la longueur même du texte (en novembre, il s’agissait d’une courte pièce de théâtre de Goldoni, car je manque de temps). Depuis juin, j’aurais « exploré » (dans le désordre): Roger Nimier, Cécil Saint-Laurent, Georges Courteline, Eugène Labiche, Goldoni…

Autant dire aussi que le principe énoncé plus haut ne m’est pas toujours favorable, puisqu’il révèle certaines lacunes, certains manques. Je me suis toutefois fait un devoir d’absolue vérité. Ainsi suis-je obligé d’avouer: oui, à quarante-deux ans, et malgré mes études classiques, je n’ai jamais lu aucune pièce, ni vu aucune représentation d’Aristophane. L’auteur n’était tout simplement pas au programme, à la faculté de Poitiers, ni même au lycée. Impossible, également, de télécharger Aristophane sur ma liseuse Kobo, alors même que son oeuvre est sans doute, et depuis longtemps, tombée dans le domaine public. Sans doute la traduction… Je me suis donc déplacé jusqu’à la médiathèque. Ces précautions oratoires prises, cessons de nous perdre en atermoiements. Oui, j’ai enfin lu Aristophane. Une seule et unique pièce, car une nouvelle fois je manque d’espace, entre les essais consacrés au surréalisme et les services de presse, sans oublier les livres d’amis divers… Et pourquoi Les Oiseaux? Un peu par hasard. Un peu aussi parce que le titre m’évoquait des trilles poétiques, le fameux Rappel des oiseaux de Jean-Philippe Rameau, ou encore Le Cantique des oiseaux de Farīd al-Dīn ʿAṭṭār (bien que je ne connaisse rien au soufisme). L’exercice précité ne vise pas à RACONTER le livre, ni à en donner un résumé. Je recopie donc paresseusement, et ouvertement, un extrait de la fiche Wikipédia:

Les Oiseaux (en grec ancien : Ὄρνιθες) est une comédie grecque antique écrite par Aristophane. Cet ouvrage, représenté aux Grandes Dionysies en 414 av. J.-C.1,2, est une joyeuse utopie politico-religieuse ; elle parodie l’origine du monde selon la secte des orphiques. Ces derniers pensaient, en effet, que le monde était né d’un œuf originel.
Argument[modifier | modifier le code]
Deux Athéniens, Évelpidès (Bon-espoir) et Pisthétaïros (Fidèle-Ami)3, fatigués d’Athènes, fuient cette cité gangrenée par la corruption, les procès et les démagogues. Guidés par un choucas et une corneille au milieu d’une nature sauvage, ils atteignent la demeure de Térée, ancien roi de Thrace transformé en huppe. Ils persuadent l’assemblée des oiseaux de fonder dans les airs une cité, d’où les intrigants, sycophantessophistes et orateurs sont exclus. Térée se charge de convaincre son peuple adoptif de l’intérêt d’accepter parmi eux les deux Athéniens. Ceux-ci proposent, en effet, de rendre à la gent ailée le pouvoir que lui ont volé les dieux. Ils fondent ainsi, entre terre et OlympeCoucouville-les-Nuées (en grec ancien Νεφελοκοκκυγία / Nephelokokkugía), une cité dont la situation idéale permet d’assujettir les hommes et de profiter des fumets sacrificiels destinés aux dieux.
Affamés et victimes de la démesure des hommes, les dieux de l’Olympe sont déchus. Les candidats à la citoyenneté affluent bientôt mais, séduits par le profit au détriment du salut conféré par les ailes, ils sont refoulés. Les dieux, qui sont bien décidés à récupérer le pouvoir sur ces volatiles qui ressemblent étrangement aux Athéniens et sur ces hommes qui rêvent de vivre tels des oiseaux, décident de dépêcher Iris auprès de Pisthétaïros4

Voilà qui paraîtra sans doute abstrait, abrupt. Dans les faits, on manque évidemment beaucoup à ne pas lire le texte dans la langue (j’ai récemment retrouvé d’anciens volumes des « Belles-Lettres » cours de Vincennes. Les ouvrages sont unilingues. Cela signifie donc que les élèves accomplissant leurs Humanités comprenaient le grec et/ou le latin!). La pièce m’a plutôt distrait sans pour autant me faire rire. Le décalage temporel est trop important. J’y ai surtout vu une satire, directement adressée aux utopistes de tout poil. Le théâtre d’Aristophane a naturellement un sens politique quasi intemporel. Car ces deux formidables imbéciles, croyant fonder une cité idéale, ne font que reproduire, en pire, les travers d’Athènes. Leçon de pragmatisme? Défense du système en place? Coucouville-les-Nuées est en tous cas un échec complet. On songe évidemment à tous les anarchistes de salon, ne supportant généralement guère la contradiction, et qui imaginent un monde sans argent, sans police, sans hiérarchie… Rien ne semble avoir changé, du moins à ce niveau. Le ton reste toutefois à la blague, et non au tragique, comme chez Orwell. J’attends donc désormais que Les Oiseaux soient programmés au Lucernaire ou ailleurs.

« SELON SILÈNE », FRÉDÉRIC TISON, L’Harmattan, 2018.

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   J’aime les rois mous, les princes légers, les petits maîtres et les poètes mineurs. J’aime ces silences, ces murmures – j’entends là les silences, les murmures dans les chroniques, dans les livres célèbres ou célébrés, parmi les paroles humaines convoquées au grand banquet des opinions délébiles: n’y décèle-t-on pas cette sorte de paix blanche, de paix secrète et scintillante qui est celle d’après l’orage? Or il est des orages ignorés, au cœur du silence, qui ne font aucun bruit – j’évoque aussi le calme des pensées et des mœurs, l’absence d’ambition vulgaire, les chatoiements discrets, les rêveries précises et délicates, les propositions sans cri, l’ironie simple – mais aussi les ombres étranges et douces, les eaux qui dorment, les choses sombres, toute la menace sourde et perpétuelle de la vie; ces divinités des bois, les elfes furtifs, les fées malicieuses, peut-être dangereuses. M’attirent les coulisses, la porte dérobée, la cave ou le grenier, l’autre chemin, l’impasse apparente qui soudain, ou lentement, se révèle passage ou traversée. (p. 12-13)

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constanta
Hic ego qui iaceo tenerorum lusor amorum
Ingenio perii, Naso poeta, meo.
At tibi qui transis, ne sit grave quisquis amasti
Dicere: Nasonis molliter ossa cubent.

(« Chantre né des amours , et poète du coeur,
Le crime de mes vers a causé mon malheur,
O passant! Si ton coeur fut amoureux et tendre,
Dis; que d’Ovide au moins repose en paix la cendre »)

   … tel est le magnifique épitaphe inscrit sous la statue d’Ovide, sur la place centrale de Constanta, petite ville roumaine au bord de la mer Noire, bijou dace tombant hélas en ruines. Exilé par Auguste pour des motifs demeurés inconnus, l’auteur des Métamorphoses y écrivit les Tristes, suite de suppliques adressées à l’empereur, et demeurées sans réponse. Mort de chagrin en 17 ou 18 après Jésus-Christ sur la petite île de Tomis, l’homme nous a laissé quelques vers d’une lumineuse mélancolie.

  Je reparlerai peut être prochainement de mon passage sur les pas d’Ovide dans un prochain billet. Quoi qu’il en soit, je fais aujourd’hui ma rentrée anticipée, du moins sur le blog, après presque un mois d’absence. Car, comme vous vous en doutez, chers et rares lecteurs, je suis parti quelques temps. D’abord à l’Est, très à l’Est, à Bucarest puis à Sofia, en Bulgarie, puis, moins loin, en Seine-et-Marne, du côté de Fontainebleau, sur les traces du précieux Mallarmé, inhumé à Samoreau, mais aussi de Gaston Ferdière, moins connu, et d’autres poètes résistants au destin tragique.

  « Page paysage » reprend donc son cours. Je vous espère tous en forme. En attendant les prochaines agapes, voici la couverture de mon futur micro-recueil (j’ai renvoyé la maquette trois semaines), à paraître très prochainement chez la Porte.

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