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UN CLASSIQUE PAR MOIS: FRANCIS CARCO (1886-1958). Épisode 18

Quand on parle de Francis Carco, on pense à Montmartre, aux marlous, à Jésus la caille, etc. Passé de mode, l’homme se retrouve souvent dans les boîtes à livres qu’on voit fleurir un peu partout. Pourquoi, dès lors, avoir choisi une biographie (succincte), de Nerval, et non une de ces fameuses histoires de bandits parigots, d’apaches? Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises: le temps m’est compté. J’essaie donc, autant que possible, de lire « utile », si seulement l’adjectif peut s’appliquer à la littérature (par définition « choses de l’esprit », loin de tout pragmatisme). Ayant inclus Nerval, précurseur du surréalisme, dans mon panthéon, j’en parle dans mon essai autour du Père-Lachaise, que je termine ces jours-ci. De fait, je voulais savoir ce que Carco avait à en dire. Et comme je n’avais, auparavant, jamais lu Carco, l’occasion m’était donnée, précisément, d’approfondir mes connaissances nervaliennes tout en découvrant un auteur devenu classique.

Ai-je appris grand chose? Pas vraiment, au vrai. Non que le livre, plutôt mince et beau (car publié chez Albin Michel il y a fort longtemps, à l’heure où ils réalisaient de splendides couvertures, sobres et élégantes), ne propose rien de bien nouveau. Il ne s’agit pas d’une étude universitaire, comme celle de Jean-Pierre Richard, dans Poésie et profondeur (« Géographie magique de Nerval »), mais bien plutôt d’une balade amoureuse, d’un rapport de poète à poète. Carco, qui semble profondément aimer Nerval, parle de ses livres, de son parcours, déploie des anecdotes dans une langue à la fois mesurée et poétique, lyrique, loin du style souvent asséchant des enseignants. Non, là, nous nous baladons en Orient sur les traces du « Ténébreux », dans les rues de Paris, ou encore dans le Valois. Carco fait du Nerval, ou plutôt: adopte le style « déambulatoire » de Nerval, grand marcheur à la recherche de la mère perdue, la fameuse Sylvie, ou Aurélia, incarnée à travers diverses figures féminines. On sent également que Carco a fait son choix, n’évoquant jamais Les Illuminés, pour favoriser les livres les plus connus, les plus accessibles. Cela se lit tel un roman: facilement. On apprend en outre diverses anecdotes. Pas uniquement celle du fameux homard que Nerval aurait baladé au Palais-Royal, mais parfois des discussions saugrenues, quelques mots loufoques échangés avec Gautier, ou autre. Pour les plus motivés (et aussi pour les Parisiens!): j’ai emprunté l’essai-récit à la réserve centrale des médiathèques. On peut le trouver à un prix raisonnable sur Rakuten, ou autre.

Aurai-je envie de lire d’autres volumes de Carco? Probablement. Quelque chose de plus représentatif, sans doute… Une belle initiation, quoi qu’il en soit!