Le 24 novembre 1870, 7 rue du Faubourg-Montmartre, un jeune original de vingt-quatre ans mourait, emporté par la maladie, loin de Montevideo, sa ville natale. D’abord inhumé dans un caveau provisoire du cimetière Montmartre, son corps fut ensuite transporté en fosse commune. Il repose désormais sous une expansion de l’hôpital Beaujon, qui a en quelque sorte grignoté la nécropole, loin du monde insoucieux; du moins si on en croit le travail du regretté Jean-Jacques Lefrère, qui a enquêté des années durant, jusqu’à retrouver une photo d’Isidore Ducasse, dont le visage nous était jusqu’alors inconnu (cf. Le visage de Lautréamont). Redécouvert par les surréalistes, Lautréamont/Ducasse est depuis incontournable.
On ne me verra pas, à mon heure dernière (j’écris
ceci sur mon lit de mort), entouré de prêtres. Je veux
mourir, bercé par la vague de la mer tempétueuse, ou
debout sur la montagne… les yeux en haut, non : je sais
que mon anéantissement sera complet. D’ailleurs, je
n’aurais pas de grâce à espérer. Qui ouvre la porte de
ma chambre funéraire ? J’avais dit que personne
n’entrât. Qui que vous soyez, éloignez-vous ;
(Chant I).
Je le relis régulièrement. Ses longues phrases sont comme des vagues qui l’emportent vers des larges insoupçonnés de la pensée où j’entends son grand rire noir…
J’aimeJ’aime