Comme chaque mois, désormais, retrouvons notre rubrique mexicaine, sous les auspices de Claudine Sigler, traductrice et auteur. Précisons également, pour les retardataires, que le terme « Itzpapalotl » signifie « Papillon d’obsidienne » en langue nahuatl Cela fait donc référence au sinistre couteau manié par les sacrificateurs aztèques servant à arracher les cœurs des suppliciés. Mes connaissances s’arrêtant là, je laisse la parole à l’anonyme qui a composé ce très beau petit poème.
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NONANTZIN
Nonantzin ihcuac nimiquiz
motlecuilpan xinechtoca,
huan cuac tiaz titlaxcalchihuaz,
ompa nopampa xichoca.
Huan tla acah miztlahtlaniz :
– Zoapille, ¿tleca tichoca?
Xiquilhui xoxouhqui in cuahuitl,
Techochcti ica popoca.
Anonyme (langue nahuatl)
PETITE MÈRE
Petite mère, quand je mourrai
Enterre-moi près du foyer
Et en faisant tes tortillas
Pleure-moi,
Et si quelqu’un te demande
“Mère, pourquoi pleures-tu ?”
Dis-lui que le petit bois est vert
Et que sa fumée te pique les yeux.
(extrait de l’Anthologie nahuatl, dirigée par M. Leon-Portilla et B. Leander, Ed. UNESCO/ l’Harmattan. Le dernier vers a été « réadapté » par nos soins).
Oui, c’est un beau poème, très simple. Il est dommage qu’on ne puisse pas vraiment l’entendre dans sa langue d’origine, ici assez imparfaitement transcrite, puisque chez les peuples précolombiens l’écriture alphabétique n’existait pas. Mais le nahuatl lui-même est toujours vivant, et parlé encore par plus d’un million de mexicains. 🙂
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En connais-tu quelques mots, Claudine?
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Oui, Etienne, et toi aussi : xocolatl (chocolat), tomatl (tomate), ahuacatl (avocat)… 🙂
J’en connais bien d’autres, encore : atl (eau), xochitl (fleur), mazatl (cerf), ayotl (tortue), tlatoani (empereur), eztli (sang), popoca (fumée), tepetl (montagne), etc.
Et puis, je sais les noms des lieux, des chefs, et des dieux, toujours significatifs.
Enfin, mon nom de plume : Cuauhtli (aigle), est l’echo de celui du dernier empereur aztèque, né comme moi en décembre : Cuauhtemoc (l’aigle qui tombe).
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