« Yves Bonnefoy interroge ainsi avec acuité le continent de l’enfance perdue, comme dans un demi-jour où il se souvient alors de ce roman de Léon Lambry, intitulé Dans les sables rouges, qui exerça sur lui une très puissante impression, emportant son imaginaire d’enfant dans le désert de Gobi, en Asie centrale, au milieu des ruines d’une étrange ville romaine, avec des hommes et des femmes parlant latin dans cet ailleurs: « je puis maintenant m’en rendre compte, cela avait de quoi impressionner un enfant qui entendait ses parents parler patois – un patois issu du latin – et rêvait que cet occitan menacé de disparation, c’était l’expression d’un être au monde mystérieusement supérieur à l’a-présent de la vie ». Au milieu de tant de résurgences, l’écrivain, conscient de la richesse d’un passé et d’une langue, par laquelle, constatera-t-il, le latin pouvait avoir survécu, nous rappelle l’importance de toute transmission, ce qui irrigue la poésie dans une langue, et depuis la langue occitane en particulier, cet idiome que, souvent très modestement, portèrent haut les troubadours de l’Amour courtois. » (p. 150-151)

[…] « UN SIÈCLE D’ÉCRIVAINS À CORDES-SUR-CIEL », PAUL SANDA, BRUNO GENEST… […]
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