Originaire du Nord, Gaston Duf (Gaston Dufour dit) naît au sein d’une famille pauvre de dix enfants, marquée par la violence et l’alcoolisme d’un père tenancier de cabaret. Entré comme apprenti-boulanger à l’âge quatorze ans, l’adolescent travaille finalement à la mine, mais se fait renvoyer pour absentéisme. À dix-huit ans, solitaire, chétif, il passe ses journées au cinéma ou dans les bars, buvant énormément. L’armée le réforme, puis on l’interne définitivement quelques jours après une tentative de suicide. Il n’a que vingt ans.
À l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Saint-André-lez-Lille, le mutique Gaston se montre d’abord totalement apathique puis participe aux travaux ménagers. Il tente de s’évader en 1946. Son infirmière remarque qu’il dissimule de petits dessins griffonnés à la mine de plomb sur du papier journal, dans la doublure de sa veste. Le psychiatre Paul Bernard encourage discrètement Gaston, lui fournissant des crayons de couleur, des tubes de gouache, ainsi que des toiles grands formats. Le malade représente, de façon obsessionnelle, des créatures chimériques appelées « rhinocéros » (le nom étant écrit avec une orthographe étrange, bien que Gaston maîtrise la langue française), ainsi que des polichinelles. Pourquoi cette fascination? L’artiste fou n’a jamais vu les animaux en vrai, et semble se rappeler avoir croisé un polichinelle lors d’une fête foraine. Se sentant mou, faible, il admire la force brute du rhinocéros. Jean Dubuffet, qui s’est vu offrir plusieurs œuvres par Paul Bernard, lui rend visite, et le surnomme « Gaston le zoologue ».
La production cesse vraisemblablement en 1953, pour une raison inconnue. Je ne dois pas dessiner, aurait déclaré Gaston, qui prend toujours soin de sa toilette, et de sa coiffure. De constitution fragile, il meurt en 1966, à l’âge de quarante-six ans.
NB: une exposition a récemment mis en valeur les dessins de Gaston Duf, au musée de zoologie de Lausanne, sur l’impulsion de l’historienne d’art Lucienne Peiry.
en somme, c’est un cas assez classique, ressemblant à celui de henry darger, qui a produit une oeuvre plastique et écrite; ou encore de bispo do rosàrio, inventant, sans connaître le nouveau réalisme, une oeuvre ressemblant de près à cette école; à bientôt, étienne; da.
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Salut Didier! Je réponds à ton mail demain (j’étais à Lille ce week-end). Oui, je me suis beaucoup intéressé à l’art brut. Je publierai quelques articles ici même.
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Etrange découverte…;-)
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Oui! J’ai découvert Duf il y a plusieurs années. J’aime l’art brut
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