LES ROSTRES
Des orgues basaltiques très hauts, rigoureusement identiques et impeccablement hexagonaux, comme un miracle de la Nature, au bord d’une mer opaque, algueuse, sous la falaise noire.
De loin, on dirait de simples rochers, une excroissance de cailloux phalliques, la sculpture d’un illuminé. Juste de la pierre façonnée on ne sait comment, ni pourquoi. Et pourtant ça vit. Lors des fortes marées, l’orifice noir, recouvert de vase, situé au sommet, s’ouvre sous l’eau. Une langue visqueuse et rouge en sort ; un mollusque immense, conique, muni d’une bouche dentelée, recouvert d’une membrane cartilagineuse, et qui engloutit les poissons, les méduses ou les tortues, ruminés puis recrachés en excréments filandreux, à la surface. Plusieurs pêcheurs, ou plongeurs imprudents, y ont laissé la vie, avalés par le rostre centenaire.
Magnifique texte, Etienne. J’adore.
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Merci et gros bisous chère Monique!!!
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