En flânant sur Facebook, J’ai appris hier la disparition de Louis-François Delisse, à l’âge de 85 ans, au mois de février. Je ne connaissais pas l’homme à titre privé, mais j’avais échangé quelques lettres avec lui. Louis-François Delisse, qui avait enseigné au Niger, s’y était marié, résidait à l’hospice d’Ivry depuis plusieurs années, et poursuivait son activité littéraire, en marge de tous les circuits. Enfant terrible de la poésie française, il avait connu Henri Michaux, Raymond Queneau. Citons notamment ce très beau dossier sur le site « Poezibao ».
Hommage à Louis-François Delisse sur le site « Poezibao » (cliquer sur le lien)
Regrets
Voilà des mois que je n’ai vu la lune
Que je n’ai vu une épaule pressée
de ma main nue frémir et fleurir
une cuisse s’épancher de bas en haut
Voilà des ans que je n’ai fait l’ange
à deux ventres que je n’ai enjambé
de jambes ni de ruisseaux
pleuré sur l’œillet d’un nombril
et la marguerite double au bas
d’une tige légère
Voilà des lunes que je n’ai vu la lune
décocher du fond profond des bois
la flèche d’un beau plaisir
Que comme un mort je bats le bas
des haies le ras des herbes
ni fleurs ni couronnes Que je remonte
mon slip serre ma ceinture
boutonne mon pardessus par-dessus
ce corps devenu mon tombeau :
lune, galet du ciel os de mes yeux…
29 XII 1997
(Editions La Morale merveilleuse, 1998)
Je suis très touchée par ce poème, que je trouve très expressif, et délicat aussi. Merci, Etienne, de nous le faire connaître :-). Je vais ouvrir le lien….
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Oui, Louis-François Delisse eut vraiment une vie de maudit (du moins à la fin)
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