À quatre heures du matin, l’été,
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bosquets, l’aube évapore
L’odeur du soir fêté.
Mais là-bas dans l’immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s’agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.
Ah ! pour ces ouvriers charmants
Sujets d’un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants
Dont l’âme est en couronne
Ô Reine des Bergers!
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie.
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.
1872
Ce texte n’est pas de Rimbaud??
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Si, Claudine. C’est indiqué dans le bandeau.
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Oui, j’ai vu, et puis je l’ai trouvé sur le net (http://abardel.free.fr/petite_anthologie/bonnepensee.htm ) .
Ce qui m’a déconcertée, c’est l’irrégularité du mètre : les premiers vers des 3 premières strophes ont 9 syllabes, alors que tout le reste est fait d’octosyllabes et d’héxas : c’est évidemment volontaire, car rien ne serait plus simple que de les transformer en octos*. Les assonances (« Hespérides/s’agitent ») et d’autres libertés présentes dans le texte me choquent moins.
Car musicalement, cette irrégularité sur seulement les 3 premières strophes n’apporte rien : elle est même discordante, et pas du tout dans la manière de l’auteur du « Bateau Ivre » ou de « Voyelles », dont la maitrise formelle a toujours été assumée (même ici, il y a souvent la consonne d’appui..), son audace étant ailleurs. Si bien que je doutais.. J’avais tort 😦
Je rétablis tout de même les strophes (rendons à Rimbaud..) :
Bonne pensée du matin
À quatre heures du matin, l’été,
Le sommeil d’amour dure encore.
Sous les bosquets, l’aube évapore
L’odeur du soir fêté.
Mais là-bas dans l’immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s’agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.
Ah ! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d’un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants
Dont l’âme est en couronne
Ô Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l’eau-de-vie.
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi
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Merci, Claudine. J’ai modifié le billet en tenant compte des indications que tu m’as données. Cette irrégularité métrique ne me dérange pas. Je la trouve au contraire audacieuse et intéressante pour l’époque. Une fenêtre vers la modernité.
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