On a tout dit des défauts du fer. Il est rare que le minerai ne soit pas mêlé d’impuretés qui rendent le métal aigre, cassant, impropre à tout usage. La France n’a pu exploiter les gisements lorrains, phosphoreux, qu’après la mise au point de convertisseurs garnis de dolomie, avec addition de chaux. Ensuite, le fer est affreusement lourd. Enfin, son affinité avec l’oxygène complique sa mise en œuvre. Après les températures infernales, les traitements chimiques auxquels il a fallu le soumettre dans les hauts fourneaux et les fours à sole, on doit encore le protéger de la corrosion, lui adjoindre du nickel, le galvaniser, le peindre. Lorsqu’il a bouclé le cycle de l’usage et de l’usure, la rouille s’y met. Et, par un sortilège comparable à celui qui dévoile la qualité esthétique sous la finalité pratique, l’oxydation libère la gamme des couleurs dont il s’anime lorsqu’il s’unit à l’air atmosphérique. Elle magnifie leurs noces. La rouille est d’abord peintre puis, le temps aidant, graveur. Elle burine, creuse, ajoure le métal, l’allège, le brode de motifs aussi délicats qu’imprévisibles et ce sont, là encore, de ces enchantements objectifs qu’il ne tien qu’à nous de voir, de fixer (p. 38-39)
Merci pour cette idée de lecture. Je n’ai lu qu’un seul livre de Pierre Bergounioux, mais il vaut le détour, peut-être que tu as lu ce livre: B-17G.
(aux éditions Argol, 2006)
« je me rappelle avoir pensé que l’équipage aurait pu riposter. Je me suis dit, comme font les enfants et la plupart des adolescents , que si je m’étais trouvé, moi, dans le poste de tir placé sous la haute dérive ou dans la tourelle ventrale pourvue, elle aussi, de deux mitrailleuses jumelées de 12,7 mm , l’autre n’aurait pas impunément poinçonné l’aile gauche après avoir esquinté la carlingue. »
(extrait page 13)
J’aimeJ’aime
Merci à toi pour la citation, et pour cet effort de lecture régulier!
J’aimeJ’aime