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RETOUR DU MARCHÉ

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  Comme prévu, je suis donc allé au marché de la poésie, sous la pluie, hier après-midi. Qu’en dire, sinon que la fréquentation était relativement forte, et que rien ne semblait, a priori, distinguer cette édition des précédentes? Première impression, toujours désagréable, ce sentiment de prétention, de fatuité, qui saisit le visiteur, comme si tous ces égos généralement forts, concentrés au même endroit, étaient au touche-touche. Seconde impression, nettement plus positive: la présence d’éditeurs et d’auteurs de qualité, certains fort simples, bien qu’étreints, parfois, par l’étiquette. Cette année, je n’aurais pas fait de grandes nouvelles découvertes. Naturellement, j’ai retrouvé mon éditeur François Mocaer, seul responsable, talentueux, d’Unicité, et nos amis Eric Dubois, Mylène Vignon. J’ai également longuement discuté avec un homme fraichement publié par la maison, et qui présente une très belle anthologie du haïku, intéressante pour toute personne appréciant le genre (ce qui n’est pas mon cas, j’y reviendrai peut être dans un prochain billet):

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  Quoi qu’il en soit, bien des années après le célébrissime Fourmis sans ombre, ce recueil devrait apporter un certain renouveau. En me baladant dans les travées, j’ai également croisé un poète iranien, responsable là aussi d’une fort belle anthologie bilingue, présentée dans un format esthétique assez inhabituel, très grand, par les édition « Le temps des cerises », maison dirigée par Jean Ristat, grand poète français actuel et ancien secrétaire de Louis Aragon. Déclamant des textes d’Ahmad Chamlou, que tout le monde connaît, debout sur un banc, Reza Afchar Nadéri rendit hommage à son pays d’origine, grande terre de culture, d’art et de poésie, aujourd’hui étranglé par la dictature que nous connaissons tous. Mais dissocions poésie et politique: vendu vingt euros, ce qui n’est pas excessif pour un ouvrage illustré de cette qualité, le volume rassemble des créateurs très différents, et nous fait voyager:

Aube-nouvelle-couv

  Ensuite, j’ai pu m’entretenir avec des membres de l’incroyable CIPM (Centre International de la Poésie de Marseille), association qui était en grande difficulté, il y a plusieurs années, et qui, outre de très riches recueils,publie les magnifiques Cahiers du refuge, qui constituent des hommages à divers poètes, pour un prix là encore raisonnable. A l’occasion, j’ai évoqué mon travail autour d’Antonin Artaud, qui, après avoir été inhumé dans la ville de sa mort, Ivry, a été transféré à Marseille, sa ville d’origine, au cimetière Saint-Pierre. Apparemment, il y aurait deux personnes nommées « Antonin Artaud » dans la nécropole, toutes deux inhumées… la même année. Laquelle est la bonne, ou plutôt, laquelle est véritablement le poète surréaliste, l’acteur génial, et le fou magnifique? C’est pour répondre à cette épineuse question que j’ai acquis le DVD Antonin Artaud à Marseille, vendue par le CiPM pour 5 euros seulement. Le film, que je n’ai pas encore eu le temps de voir, est réalisé par Alain Paire:

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  Marseille terre de poésie? Par-delà les clichés, il n’y a pas que l’OM, le pastis, les calanques et la corruption dans la cité phocéenne, mais bien quelques maisons exigeantes, comme Al Dante. Notons également au passage, et pour rester dans le champ funéraire, la présence, par l’esprit, d’Arthur Rimbaud, mort sur place à son retour du Harrar, en 1891.

   Pour finir, je me suis longuement entretenu avec Zéno Bianu, poète reconnu, qui était en dédicace au stand Gallimard. J’ai évidemment acheté son recueil, Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas, avant d’évoquer mon projet de recueil autour des tombes de surréalistes. L’homme qui a longuement fréquenté le mouvement, et côtoyé certains de ses éminents représentants, m’a donné quelques précieuses indications. Je conseille à tous, amateurs de poésie,  ou tout simplement aux obsédés, ou aux sentimentaux, l’excellent Eros émerveillé, anthologie de la poésie érotique française chez NRF/Poésie Gallimard (là encore). La couverture est ornée par un magnifique fessier callipyge, peint par Clovis Trouille (le tableau Calcutta! Calcutta!).

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  C’est à peu près tout pour cette année, sachant que je ne suis pas resté longtemps. Avant de partir, je n’ai pu m’empêcher de retourner à l’église Saint Sulpice, admirer les incroyables bénitiers de Jean-Baptiste Pigalle, qui, avant de donner son nom à un quartier chaud, a fait de belles choses avec ses mains, au XVIIIème siècle. Admirons ainsi ce coquillage géant, posé sur un rocher en marbre brut, mais habilement taillé, pour donner une impression de naturel, et parcouru de crabes marins, recouverts d’algues en pierre:

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5 commentaires

  1. Marzuolo dit :

    J’aime bien ton tour du marché, surtout la fin, à Saint Sulpice, ce côté guide touristique, avec un petit rappel du quartier chaud ( qui s’est refroidi depuis mais c’est normal, avec deux cimetières en son sein, les vivants finissent par déteindre sur les morts). Donc, après les moules et les coquilles des éditeurs, les coquillages géants et les crabes taillés dans le marbre, quel contraste avec le cœur tendre et palpitant des poètes de la place ! Il n’y a plus guère que cette « impression de naturel » pour faire la jonction entre ces deux mondes. Enfin, je le suppose I Thouars O vert, etc. Merci pour cette balade.

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    • Merci, cher Fabrice. A la pêche aux moules, on ne chope pas grand chose sur place (la loi du marché, quand on n’est pas éditeur, on ne risque pas de choper de la poétesse… ouh là là, j’entretiens ma beauferie). Du coup, se rabattre sur Pigalle, en pleine église, et y croiser un cul-béni…
      Mais je te rassure, l’évènement, qui ne restera pas gravé dans les anales littéraires (comme c’est profond!), prend souvent des allures de panier de crabes… Dur dur.

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  2. Marzuolo dit :

    Sans « n » aucune, on peut préférer les anales littéraires aux annales poétesses, parfois moins profondes, ou l’inverse…Et pour la beauferie, je ne suis pas d’accord, quand on a écrit un livre comme « disparaître » , on ne peut pas être un beauf;

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  3. Ah… Eh bien voilà qui fait plaisir! Si certaines poétesses sont aussi profondes que leur recueil de haïkus rapides, je pense qu’on touchera vite le fond!

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  4. Marzuolo dit :

    Haïkus, tout ça, j’apprécie modérément, même si je ne rejette pas d’office, je lis des textes que j’aime bien sans me préoccuper de savoir si c’est des haïkus ou pas. Mais, plus généralement, je n’aime pas ces contraintes qui font ressembler l’écriture à des épreuves sportives, comme ces lipogrammes par exemple, et l’autre qui a écrit un roman sans le e, je trouve ça con, le e existe, pourquoi s’en passer ! Et tout Perec qui l’est, y a un truc qu’il n’aurait jamais pu faire, c’est une omelette sans casser les œufs. Bon, une fois les œufs cassés, rien ne vaut les mains des poétesses dans la farine, pour nous préparer de bons gâteaux!

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