Il y a deux jours, j’ai demandé à mes amis poètes, ou amateurs de poésie, de me transmettre une liste de dix à vingt recueils les ayant vraiment marqués. La récompense assortie, pour ce petit effort, cette petite contribution intellectuelle, était un stylo bic noir et un calepin de supermarché, ou un café au bar (au choix). Sachant naturellement que je n’ai pas les moyens de les inviter au Fouquet’s, ou aux Deux-Magots.
Plusieurs de mes contacts Facebook se sont prêtés au jeu, et recevront donc leur petit cadeau. Moi-même, en premier, j’ai défini vingt titres que vous trouverez ci-dessous. Chaque mois, ainsi, je citerai une nouvelle biblio-poésie d’ami, en y ajoutant un extrait tiré précisément d’un des livres évoqués. Le but demeure évidemment de partager la parole poétique, de se faire découvrir d’autres horizons, d’autres créateurs. Très différentes les unes des autres, émises par des personnes très diverses, les listes comportent parfois les mêmes noms (Baudelaire, Aragon, Apollinaire, Rimbaud…), mais parfois quelques surprises, quelques pépites. Certains ont évoqué des auteurs étrangers, perses, allemands, italiens, anciens, récents, contemporains, connus ou inconnus, autant d’ouvertures, de découvertes, de possibles…
Le jeu est toujours valable, et la prime symbolique sera toujours offerte, pour les plus motivés. En revanche, il vous faudra patienter pour voir votre liste publiée. J’édicte brièvement les règles du jeu, avant de citer mes propres préférences:
- Pas d’anthologie.
- Pas de recueil en langue étrangère (des recueils écrits par des étrangers, oui, bien sûr, mais pas de recueil en langue étrangère)
- De la chanson, pourquoi pas, mais sans en abuser! Chanson et poésie ne sont pas similaires.
- Dix titres minimum. Vingt maximum.
- L’ordre d’apparition des recueils dans la liste ne veut pas dire que vous en préfériez untel ou untel.
- Vous pouvez m’envoyer la liste par mail (er10@hotmail.fr), ou en l’écrivant en commentaire ci-dessous.
- Ne réfléchissez pas trop en rédigeant la liste. Soyez spontanés.
Voilà. Excellente fin de semaine à toutes et tous, et merci d’avance!
BIBLIO-POÉSIE D’ETIENNE RUHAUD:
1) Les Fleurs du mal (Charles Baudelaire)
2) Les illuminations (Arthur Rimbaud)
3) L’entrée dans la baie et la prise de la ville de Rio de Janeiro en 1711 (Jean Ristat)
4) Poésies (Michel Houellebecq)
5) L’ombilic des limbes (Antonin Artaud)
6) Fables (Jean de La Fontaine)
7) Bords de mer (Raymond Bozier)
8) Alcools (Guillaume Apollinaire)
9) La mort viendra et elle aura tes yeux (César Pavese)
10) Oeuvres (Danielle Collobert)
11) Dominique aujourdhui présente (Paul Eluard)
12) Destinée arbitraire (Robert Desnos)
13) Cantos (Ezra Pound)
14) Les chimères (Gérard de Nerval)
15) Poèmes (Edgar Poe)
16) Les Chants de Maldoror (Lautréamont)
17) La guerre entre les arbres (Jacques Abeille)
18) Le roman inachevé (Louis Aragon)
19) Clair de terre (André Breton)
20) Gaspard de la nuit (Aloysius Bertrand)
21) Il en manque tant d’autres!
La mort viendra et elle aura tes yeux –
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre, muets.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi-
questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola
un grido taciuto, un silenzio.
Così li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla.
Per tutti la morte ha uno sguardo.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.
1936
Rainer Maria Rilke
Pierre Reverdy
Yves Bonnefoy
Emily Dickinson
Alejandra Pizarnik
Paul Celan
Ingeborg Bachmann
Friedrich Holderlin
Novalis
Hoffmannsthal
P. B. Shelley
Gérard de Nerval
Joë Bousquet
René Char
Henri Michaux
Philippe Jaccottet
Pierre Jean Jouve
et…
Patrice de la Tour du Pin
Jean Grosjean
Zeno Bianu
……………………
J’aimeJ’aime
Merci, chère Violaine, mais il me faut le nom des recueils!!!
J’aimeJ’aime
1 Elégies de Duino
2 Plupart du temps 1-2 Sources du vent
3 La vie errante
4 Poèmes
5 Cahier jaune
6 Poèmes
7 Toute personne qui tombe a des ailes
…..
J’aimeJ’aime
C’est un peu éloigné du sujet, mais je constate que rarement les poètes contemporains, je parle de ceux qu’on croise dans les revues de poésie, citent leurs pairs ou les recueils de leurs pairs. Je ne sais pas pourquoi, peut-être qu’il faut qu’un poète soit reconnu par la critique officielle, poète ad vitam aeternam, avant qu’on ose apprécier ses œuvres. Ou, qui sait, comme on écrit aussi, on peut craindre, en citant les confrères, de se faire de l’ombre ! On prend moins de risque en nommant Rimbaud, Nerval, pour ne parler que des moins connus (rires)…aller, on peut aller, question de ne pas trop faire avancer le schmilblick, jusqu’à parler de James Sacré, Antoine Emaz, d’autres, les déjà estampillés « bon pour la postérité » par les célestes bricoleurs d’immortalité en avance sur l’horaire. A moins qu’on ne cite pas les collègues, par une sorte de pudeur, ce qui serait tout à notre honneur, là encore. J’avoue que les noms avancés, souvent sans surprise, enfilés les uns à la suite des autres et qui finissent par tresser la couronne de laurier prévisible, m’évoquent davantage les jalons d’un bon dressage qu’un goût immodéré de la poésie
J’aimeJ’aime
Remarque percutante, Fabrice, en partie juste, en partie erronée. Oui on aime d’abord les grands maîtres. Je me suis efforcé d’être honnête, en incluant aussi quelques noms contemporains comme Raymond Bozier ou Jacques Abeille. J’aurais pu également évoquer des gens moins connus tel Daniel Martinez ou Thévenin. Les listes suivantes (celles que j’ai reçues), te surprendront peut être davantage.
Lu également le dernier « Autobus ». Toujours percutant, là encore. J’ai un peu de mal avec la poésie en vers réguliers, mais why not???
J’aimeJ’aime
Mais les grands maîtres ne dépasseront pas la distance parcourue par leur propre lumière dans le vide. Et les meilleurs maîtres sont ceux qu’on ne connaît pas, c’est un chien qui me l’a dit..
J’aimeJ’aime
Au fait, je préfère le préciser, j’ai été un peu gauche dans ma formulation, mais je ne parlais pas de ta liste, ni des listes à suivre bien sûr, mais d’un ensemble de réactions, comme par exemple, lors des questionnaires qui suivent la parution de recueils, quand la question arrive sur les auteurs préférés, ce genre de situation. Mon propos est donc d’ordre général, il ne vise personne en particulier, dans ce champ de mines de crayon, avant de poser un pied, mieux vaut compter les syllabes.
J’aimeJ’aime
Ne t’en fais pas, Fabrice. Oui, certains auteurs sont très connus. C’est aussi parce qu’ils sont bons. Le tout c’est de rester ouvert aux possibles actuels sans se fermer. Ainsi j’aime bien Claude Thévenin ou Jacques Abeille, ou encore Raymond Bozier, qui sont encore en vie. Par ailleurs, et pour changer de sujet, je songe souvent à ouvrir ma propre micro structure éditoriale.
J’aimeJ’aime
Très connus parce qu’ils sont bons, cela concerne plus sûrement les époques qui n’étaient pas envahies par le marketing, les stratégies de vente, aujourd’hui, avec de l’argent, des relations (médias, etc. ;), tu fabriques des supers bons en série. Et les artistes les plus connus ne sont plus forcément les meilleurs – et d’ailleurs, quel sens donner à meilleur dans l’univers de l’écrit ? En sport, on peut regarder des chronos, compter les buts, les points, …Je sais, ils quantifient l’art de la même manière, ils comptent les entrées au ciné, les ventes en librairies, et alors? Trierweiler a vendu son bouquin à plus d’un million d’exemplaires, je crois, et ça prouve quoi ? Que c’est un bon écrivain ou qu’elle connaissait du beau monde ? Il faut être connu avant d’écrire, les gens connus écrivent des livres qui se vendent bien, ils deviennent donc de bons écrivains ! Baudelaire, Rimbaud, c’était une autre époque, aujourd’hui, nous vivons dans la version jetable de ces poètes, voilà pourquoi ton idée de stylo Bic tombe à pic ! Tu veux te lancer dans une micro structure éditoriale, là je n’ai qu’un mot : chapeau !
J’aimeJ’aime