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Accueil » critique » L’EXTÉRIORITÉ DU DÉSIR OU MA JUIVE, Jean-Marc Proust, éditions Rafael de Surtis, Cordes-sur-Ciel, 2012 (note parue dans « Diérèse » 67, printemps 2016)

L’EXTÉRIORITÉ DU DÉSIR OU MA JUIVE, Jean-Marc Proust, éditions Rafael de Surtis, Cordes-sur-Ciel, 2012 (note parue dans « Diérèse » 67, printemps 2016)

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l-insurrection-de-l-ordinaire-de-jean-marc-proust

   Ce ne pouvait être autre qu’elle. C’était elle que je disais dans d’autres corps, d’autres présences. Nous étions l’un malgré l’autre. Il n’y eut jamais qu’elle (p. 33). Récit poétique d’un amour défunt, L’extériorité du désir ou ma Juive se déroule sur la page en une série d’annotations brèves et sensibles, autant de brûlants hommages, de blasons, au corps de Martine, la disparue. Parfois violemment érotique, cruellement précise, l’écriture de Jean-Marc Proust se fait tendre à d’autres moments, marquée par une délicate nostalgie, extrêmement discrète. Le livre laisse peu de place à l’épanchement toutefois. Parfois dur mais jamais cynique, toujours sincère, l’auteur explore sans concession les méandres de la relation, sans livrer pour autant d’analyse approfondie. Tout doit être suggéré, décrit en phrases sobres et courtes, dans un style souvent lapidaire, et tout se passe comme si le protagoniste voulait rester extérieur, s’en tenir uniquement au désir, à cette extériorité évoquée dans le titre. Comme si une quelconque démonstration sentimentale, une expansion excessive, risquait précisément de détruire le lien.  Je l’ai aimée jusqu’à l’abandon dans la vérité de la non-consolation, (p. 38), reconnaît ainsi le narrateur, sans pour autant verser dans une forme de déploration, ou se sentir profondément endeuillé : Non, je ne l’ai pas oubliée. Mais son souvenir ne me trouble pas (p. 48). La fin est évidemment tragique, et passe par la destruction même du corps pourri par les métastases : Elle s’appelait Martine Fouquemberg. Elle est enterrée dans la fosse commune du cimetière Montparnasse (p. 47). Restent, malgré tout, quelques heureux souvenirs : Il faudrait dire aussi la douceur, l’innocence. Les mots murmurés, le visage caressé de la paume de la main  (p. 26).

  Homme insignifiant (p. 32), minable Zarathoustra aux reins brisés (p. 46), pour reprendre ses propres termes, le poète produit malgré tout ici une belle autobiographie amoureuse, une vraie histoire sentimentale au lyrisme subtil. Publié par les soins de Paul Sanda et de sa compagne dans la collection « Pour un Ciel désert », L’extériorité du désir ou ma Juive s’écarte résolument des productions quelque peu larmoyantes, ou abstraites, consacrées au couple pour nous dire quelque chose de vrai.


4 commentaires

  1. J&B dit :

    C’est un regard très juste porté sur le magnifique poème de Jean Marc Proust.

    Aimé par 1 personne

  2. proust jean - marc dit :

    Merci à j&b pour son appréciation et à Etienne pour son article

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