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 »PAROLES DES FORÊTS », Pascal Mora, éditions Unicité, 2015 (article paru dans « Diérèse » 66, hiver 2015)

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   Illustré par de beaux clichés végétaux, ce troisième recueil de Pascal Moral s’inscrit dans la lignée d’Étoile nomade (L’Harmattan, 2011). Évoqué par nos soins dans Diérèse n°58 (hiver 2012, p. 314-315), le précédent livre ressemblait à une série d’instantanés sensibles, de paysages, de «poésimages » pour reprendre les termes de l’auteur, également photographe. Pareillement, ce nouvel opus, publié par les soins d’Unicité, évoque la nature, mais aussi la ville, en une série de vers libres, tantôt longs, tantôt plus courts, toujours riches en sensations, en visions, pour former une longue ode, en quatre grandes parties, quatre grands textes. Constitué d’une seule et vaste pièce, emportée par l’enthousiasme, le souffle poétique, « Chênes » explore les sous-bois, nous parle de nos racines, en termes métaphoriques dans une union heureuse, cosmique, avec la Nature : Sur la face du tronc,/Filaments de sentiers brisés sur terres tremblantes,/Isthmes et presqu’îles formant écailles de tortue,/L’arbre se raconte (p.13). Sans perdre ce lien primal avec la Terre, « Voyage dans le grand temps » s’aventure cette fois aux confins de la mémoire, mêlant endroits, anecdotes, souvenirs proches et lointains, à la manière des fameux Cantos de Pound : Montvernot, diapason de brume/Vitraux harmoniques aux couleurs d’aube/Communiant sur les chemins qui respirent/Avec la lenteur des pierres (p. 35). Troisième pan, troisième tableau du quadriptyque, « La clairière centre du monde », qui rappelle le nom du site animé par le poète (clairiere.net), porte un titre programmatique : lieu primordial, essentiel, lieu où, comme le dit fort bien Irène Duboeuf dans sa préface, « se dévoilent les secrets » la clairière permet de se retrouver, de se recentrer sur soi-même, tout en rétablissant un lien premier avec l’univers. Loin d’être de simples aquarelles un peu mièvres, ou un peu superficielles, les poèmes de Pascal Mora procèdent en effet d’une approche mystique qu’on ne saurait réduire à une pratique un peu figée, ritualisée, à une sorte de délire illuminé ou à un paganisme panthéiste quelque peu naïf. Évoquant tout à la fois les figures prophétiques de Jésus ou de Bouda, le poète use aussi du verbe pour accéder à une forme de sagesse, un rapport heureux avec le Tout ; et cette fusion se produit précisément dans la clairière, au milieu, là où se font entendre les « paroles des forêts ».
Quatrième et dernière partie du recueil, « Retour au temps » colle au réel pour nous parler de voyages lointains, sur l’esplanade du Temple notamment (p. 87), sans pour autant négliger, oublier, le milieu urbain longuement dépeint à travers Étoile nomade : Le mouvement permanent des chantiers/Qui précipite la prospérité des ruines. Les corneilles portent leurs gouffres qui bougent/Vers les fabriques (p. 73). Poésie jeune, poésie neuve, poésie lyrique, en tous points éloignée de l’abstraction ou du jeu linguistique, l’écriture de Pascal Mora ré-enchante le Monde.


3 commentaires

  1. MORA dit :

    Je salue ta chronique Etienne. Elle exprime ta propre sensibilité envers l’écriture. Merci!
    Pascal Mora

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