« À LA CYPRINE », Eugène Savitzkaya, éditions de Minuit, 2015.
Pisserai contre le sol comme pissent chiennes et brebis
puis me coucherai sur l’herbe pour jour de l’air et du
beau temps rien n’aura sur moi d’ascendant hormis l’ombre
d’une branche aurait oublié le cloaque dont l’œuf surgit
chaque jour ma tête poserai sur la touffe aigrette de la
dune mon pied dansera dans l’azur honorerait le nectar
trancherai ma pastèque comme on fend une sphère dirai
après-midi la mer et au soir la toison de la nuit prendrai
dans la main la tige portant les fleurs neuf et trois ne
font plus douze chanterai la plus belle ritournelle comme
on pile du charbon brûlerai la bougie et noircirai la craie (p. 51)